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GILBERTO, STYLISTE-MODELISTE, CONSEILLER VESTIMENTAIRE: « Avec notre koko dunda et le Faso danfani, nous pouvons proposer des tenues pour nos forces armées »

Originaire de la province du Zondoma, Gilberto, à l’état civil Sinaré Mannèré Gilbert, est né à Boussou où il a grandi avant de déposer ses valises en Côte d’Ivoire en 1990. Une année plus tard, il va vivre son rêve, celui de styliste modéliste. C’est ainsi que commence sa formation au bord de la lagune Ebrié jusqu’en 1997 avant d’ouvrir son propre atelier en fin 1998 au quartier Attécoubé à Abidjan. Durant son parcours, il a côtoyé de grands noms de la mode africaine, en l’occurrence Pathé O, Saint JO et Méité. Pendant une vingtaine d’années, il a marqué d’un emprunt indélébile la mode ivoirienne. Et en 2021, il décide de revenir au bercail et installe son atelier à Ouagadougou en face du SIAO. A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, Gilberto nous parle de sa passion pour l’art vestimentaire, de son parcours, de son quotidien, jette un regard critique sur la mode burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?       

 

Gilberto : Je vais bien, je suis arrivé au Burkina il y a à peine une année, je commence à m’adapter au terrain local.

 

D’où vient cette passion pour la mode ?

 

Très jeune, j’aimais être très bien habillé et toujours propre. Un jour, je me suis demandé quel métier irait avec moi, et mon oncle m’a proposé plusieurs métiers dont la menuiserie, la soudure et autres. Et je lui ai dit que je préférais la couture pour profiter m’habiller moi-même.

 

Et comment s’est faite votre formation ?

 

Je suis allé en Côte d’Ivoire en 1990 où j’ai commencé ma formation une année plus tard, jusqu’en 1997. Ensuite, j’ai ouvert mon atelier au quartier Attécoubé à Abidjan en fin 1998. Durant mon apprentissage, j’ai eu la chance de côtoyer de grands noms de la mode africaine, en l’occurrence Méité, Pathé O et Saint JO qui m’ont véritablement prodigué des conseils qui me sont utiles aujourd’hui. Après toutes ces années passées au bord de la lagune Ebrié, j’ai décidé de revenir au bercail en 2021 pour apporter ma touche à la mode de mon pays.

 

Qu’est-ce qui vous distingue des autres stylistes ?

 

Je suis unique en mon genre de par mes créations. Ma particularité réside dans ce que je propose comme costumes pour hommes et dames avec un mélange des matières locale et industrielle de première qualité.

 

Pensez-vous avoir fait le bon choix en devenant un styliste ?

 

Je ne regrette en aucun cas d’avoir choisi la mode. C’est une passion que je vis et qui me fait vivre. Il suffit de prendre au sérieux son métier, quel que soit le domaine d’activité. Tout le monde est obligé de bien s’habiller. Que ce soit un Chef d’Etat ou un roi, s’il est mal habillé, il est mal vu. J’aimerais rencontrer d’autres stylistes ici au Burkina, pour qu’ensemble, nous essayions de voir comment révolutionner la mode burkinabè.

 

Quelle est la petite histoire de la marque Gilberto ?

 

C’est juste une transformation de mon prénom Gilbert. C’est pour que ce soit un peu esthétique. En Côte d’Ivoire, les gens ont beaucoup aimé ma marque et j’espère que l’aventure sera la même ici au Faso.

 

Pourquoi avoir choisi de revenir au bercail pendant que des stylistes veulent aller s’implanter ailleurs ?

 

Pendant une vingtaine d’années, j’ai impacté la mode ivoirienne et je me suis dit que mon pays doit aussi bénéficier de mon expertise. Je sens qu’il y a quelque chose qui manque à la mode burkinabè.

 

Et qu’est-ce qui manque à la mode burkinabè que vous allez combler ?     

 

C’est un grand projet en cours pour combler ce vide. Je vous le dirai au moment opportun.

 

Cela fait une année que vous êtes installé à Ouagadougou, êtes-vous déjà satisfait ?

 

(Eclats de rire)… Je suis plus que satisfait. Les premiers instants n’ont pas été faciles, mais aujourd’hui, je ne regrette pas d’avoir choisi de revenir dans mon pays.    

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la mode burkinabè ?

 

Elle est évolutive. Cela se ressent sur la manière dont les Burkinabè s’habillent aujourd’hui. Et les collections des stylistes d’ici s’exportent, c’est une note de satisfaction pour notre pays. Nous avons des collections avec le Faso Dan-Fani que certains pays convoitent.

 

Quels sont vos grands projets ?

 

(Eclats de rire)… Vous voulez me piéger. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’avec notre Koko dunda et le Faso Danfani, nous pouvons proposer des tenues pour nos forces armées et les établissements scolaires. Je dévoile mes projets au moment opportun.

 

A quand la présentation de votre première collection à travers un défilé de mode ?

 

C’est mon souhait et je m’attèle à le concrétiser pour très bientôt.

 

Y a-t-il une difficulté majeure au niveau de la mode ici au Burkina que vous avez constatée ?

 

C’est au niveau de la matière locale qui n’est pas souvent disponible. Je pense qu’il va falloir penser à industrialiser nos matières premières. Et je suis ouvert à toute collaboration dans ce sens, que ce soit avec des privés ou le public.

 

Comment s’est faite votre rencontre avec l’animateur émérite Big Ben qui vous coache ?

 

Je suivais ses émissions depuis la Côte d’Ivoire et à travers un ami, j’ai pu le rencontrer lorsque j’ai débarqué à Ouagadougou. La collaboration se passe bien et je profite de cette occasion pour lui témoigner ma reconnaissance pour son appui technique. Je souhaite également faire la connaissance de plusieurs hommes et femmes de médias, ainsi que des acteurs du monde du show-biz.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Le matin, je contrôle le travail de la veille. Ensuite, je gère les finitions et je programme les commandes qui sont généralement retirées le soir. Je passe tout mon temps dans mon atelier. Moi, je fais tout pour respecter les rendez-vous que je fixe à ma clientèle.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?          

Je suis marié et père de cinq enfants.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans l’art vestimentaire ?

 

Je serai très content. Il y en a qui savent déjà coudre. Mais pour l’instant, personne n’a encore décidé d’en faire un métier. Ils vont tous à l’école pour le moment.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je remercie toute l’équipe de votre magazine qui m’offre ma toute première interview au Burkina. Cela veut dire que vous cherchez l’information véritable et les exclusivités. Je souhaite vivement la paix pour mon pays.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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