Au fil des semaines

GENERALISATION DU PORT DU FASO DAN FANI DANS LES ETABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT: Aller au-delà de la tenue !

Le Conseil des ministres, en sa séance hebdomadaire du 4 septembre, a adopté une communication orale du ministre de l’Enseignement de basse, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, relative à la généralisation du port de la tenue scolaire Faso Dan Fani dans les établissements publics et privés du Burkina Faso. Cette généralisation intervient après la phase pilote qui a eu lieu dans trois communes du pays et qui a rencontré un franc succès. Désormais donc, l’on devrait voir les élèves du Burkina arborer le tissu traditionnel national tous les lundis et les jeudis. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela est un véritable motif de fierté pour les Burkinabè. Et pour cause.

D’abord, le port de la tenue scolaire en Faso Dan Fani est un moyen d’insertion des élèves dans leurs réalités socio-culturelles. Toute chose qui participe à développer en lui le sentiment d’appartenance à sa communauté avec pour effet le développement en lui, du patriotisme. Ensuite, le port du Faso Dan Fani constitue, à n’en pas douter, un levier pour booster la production artisanale nationale. Les commandes auprès des acteurs de la filière de la production du Faso Dan Fani devraient donc permettre à de milliers d’artisans de vivre de leur métier tout en participant à la vie des établissements d’enseignement ; ce qui constitue aussi un gain important pour le système éducatif. Car, l’école devient l’affaire de tous.

 

Il y a la nécessité d’encadrer les prix

 

Enfin, le succès du port du Faso Dan Fani à l’école peut avoir un effet d’entrainement pour d’autres secteurs d’activités pour la mise en œuvre du slogan bien connu et hérité de la Révolution qu’est le « produisons et consommons burkinabè ». L’on peut dire donc que cette mesure gouvernementale est du tout bénef. Toutefois, pour qu’elle soit couronnée véritablement de succès, il y a des mesures d’accompagnement à prendre.

Au nombre de ces mesures, il y a la nécessité d’encadrer les prix pour que finalement les spéculations ne rendent pas inaccessible le Faso Dan Fani. On le voit souvent avec l’augmentation exponentielle des prix des fournitures scolaires à la veille de la rentrée. Le marché laissé à lui-même pourrait donc rebuter les parents d’élèves qui, face à la conjoncture nationale actuelle, ont déjà beaucoup de difficultés pour faire face aux besoins de scolarisation de leurs enfants. Par ailleurs, les autorités éducatives doivent faire preuve de pro- action en encadrant, par des textes, le port de la tenue scolaire en Faso Dan Fani qui ne peut, en aucun cas, constituer un prétexte pour exclure un enfant de l’école. Cela est d’autant plus important que l’on a connu le précédent des enfants exclus pour n’avoir pas pu honorer les frais de cotisation de l’Association des parents d’élèves (APE).

Cela dit, le tout n’est cependant pas de faire porter le Faso Dan Fani à tous les élèves du Burkina Faso. C’est connu, comme dit le proverbe, « l’habit ne fait pas le moine ». Il faut aller au-delà de l’habit pour opérer une vraie inculturation de l’Ecole à travers des contenus tirés de nos réalités socio-culturelles. Car, comme dit le Professeur Joseph Ki-Zerbo, « nul ne saurait par une sorte de bond paranoïaque par-dessus nos réalités, rejoindre l’avenir des autres…. Nul ne peut tirer un chèque sur le patrimoine d’autrui, ce serait un chèque sans provision. Seule une éducation authentique peut nous autoriser à nous approprier le capital de savoir et de valeurs de toute l’humanité… Poussée comme les autres continents dans l’aventure ô combien périlleuse de la mondialisation, l’Afrique, dans sa diversité, doit inévitablement dans une démarche critique, se ré-enraciner afin de mieux asseoir sa personnalité sociale, de bien fonder sa modernité sur ses valeurs propres, porteuses d’avenir et de revivifier son rôle créatif dans l’environnement d’une nouvelle ère ». Après donc la généralisation du port de la tenue scolaire en Faso Dan Fani, c’est aux contenus d’enseignement qu’il faut s’attaquer. Autrement ce serait faire l’école au Burkina Faso et non l’Ecole burkinabè.

 

G.G

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