Star de la musique burkinabè, Dez Altino vit une carrière professionnelle assez oxygénée couronnée de distinctions et nourrie de sorties discographiques à succès et des spectacles à travers le Burkina, l’Afrique et quelques pays hors du continent. Dans cette interview, l’artiste revient sur les souvenirs de ses débuts dans la musique, parle de ses projets, de sa nouvelle structure, de ses relations avec Prince Akim et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.
Evasion : Que devient Dez Altino ?
Dez Altino : Je suis toujours là, je peux dire que je suis d’actualité. Je suis resté actif durant toutes les années de ma carrière, ce sont beaucoup de concerts et de tournées ainsi que des répétitions.
Quel est votre état d’esprit depuis la sortie de votre premier album jusqu’à aujourd’hui ?
Je suis tranquille. Vous me suivez depuis le début de ma carrière, on a commencé très difficilement. On essaie d’évoluer de façon progressive. Très lentement et sûrement, je pense que les années à venir nous diront qu’on est en train de se battre pour la musique burkinabè.
Est-ce une chance pour vous d’être à ce niveau de votre carrière ?
Je pense que c’est le travail. Dix ans, ce n’est pas dix jours. C’est vrai qu’en plus du talent, il faut être organisé et avoir de l’accompagnement. C’est sur cette base que quelque chose peut durer. On peut avoir la chance une fois en passant, mais on ne peut pas avoir la chance pendant des années.
Quels souvenirs avez-vous de votre premier album ?
(Eclats de rire) … C’était la galère totale, mais j’évoque cela avec respect parce que c’est çà la vie. C’est comme la course, il faut un départ pour aller vers la victoire. C’est vrai qu’au début, c’était difficile, mais aujourd’hui, on a une grande fierté. Je viens de mettre en place ma structure de production qui est Altino Production et qui a déjà produit mon single en featuring avec Lady Ponce. D’ici la fin de l’année, nous allons produire de jeunes et nouveaux talents.
Vous êtes toujours dans des grosses voitures, peut-on dire que Dez Altino a réussi sa vie ?
Rouler dans des grosses voitures ne veut pas dire qu’on a réussi notre vie. Elles représentent le matériel et peuvent disparaître un jour. Aujourd’hui, notre fierté, ce sont nos fans. Quand on est en concert et qu’il y a cinq mille personnes qui sortent avec leur argent, achètent des tickets pour nous applaudir, c’est une grande fierté. L’argent n’est rien. Les voitures, c’est sûrement pour joindre l’utile à l’agréable. La star-mania a besoin de certains accessoires.
Quelle est votre petite histoire avec Lady Ponce ?
C’est une artiste qui fait du tradimoderne comme moi, nos collaborations avec d’autres artistes se limitaient au niveau du Mali ou la Côte d’Ivoire. J’ai donc voulu aller un peu plus loin. Quand je l’ai approchée, elle n’y a pas trouvé d’inconvénient, les choses sont allées très vite, on a enregistré la chanson à Paris et elle est venue ici au Burkina pour le clip.
N’êtes-vous pas amoureux d’elle ?
(Eclats de rire) … Non, on est ensemble pour le travail. Lady Ponce est mariée, on reste de bons collaborateurs.
Vous êtes dans les affaires ; après le maquis Lampoko, vous seriez dans l’immobilier, n’est-ce pas ?
Chercher des terrains et construire, c’est un réflexe tout à fait naturel. C’est comme un fonctionnaire ou un commerçant qui prépare sa retraite. C’est vrai qu’on peut chanter jusqu’à un âge très avancé, mais on ne peut pas garder la même énergie. Voilà pourquoi j’ai beaucoup investi dans l’immobilier. Il y a aussi les salles de répétition, les studios et bientôt la réalisation des films.
Pourquoi les clips des artistes burkinabè sont-ils rarement diffusés sur les télévisions étrangères ?
On se bat à notre manière. Personnellement, je me suis déplacé jusqu’à Paris pour voir Africa N°1, Trace Tv et d’autres chaînes. C’est la démarche de chaque artiste qui va définir sa communication. Personne ne peut bloquer quelqu’un dans une chaîne.
Quels sont vos rapports avec vos danseuses qui avoisinent la dizaine ?
C’est le travail qui prime. Les gens parlent souvent de ce qu’ils ne savent pas. Si je suis tombé amoureux d’une de mes danseuses, vous le saurez. On ne peut pas cacher l’amour. Les choses évoluent au fil du temps, certaines se marient, d’autres quittent le Burkina et il y a de nouvelles recrues.
Quelle est votre situation matrimoniale ?
Je ne suis pas marié légalement, mais je ne suis pas un cœur à prendre. Je suis père d’une fille de cinq ans.
Quels sont vos grands projets ?
C’est imposer ma musique au plan international, remplir des salles de spectacle à travers le monde.
N’avez-vous pas lâché vos amis de galère ?
Je suis toujours avec eux. Quand vous êtes arrivé pour l’interview, vous m’avez trouvé avec des amis, ce sont les mêmes.
Qu’en est-il de votre nouveau single qui vient de sortir ?
Il s’agit du single « Noma fo », son clip sera réalisé bientôt. Tout dépendra de mon inspiration, on peut aboutir à un album.
Il semblerait que votre amitié avec Prince Akim a pris un coup, qu’en dites-vous ?
On s’appelle pratiquement tous les jours. Je vais au Canada en juillet, c’est par son biais qu’un promoteur m’y a invité. Nous serons ensuite ensemble au Mali, donc, vous voyez qu’il n’y a pas de problème entre nous. Un artiste ne peut pas passer tout son temps à chanter le nom de quelqu’un pendant toute sa carrière. Les choses vont très bien entre nous.
Avez-vous autre chose à ajouter pour clore cet entretien ?
Merci à la presse et à tous ceux qui se battent pour faire avancer la musique burkinabè. Merci à mes fans. Que Dieu bénisse le Burkina Faso, Wende y a Wendé.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON