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CANCER DU SEIN: Une nouvelle étude incrimine les sels d’aluminium dans les déodorants

Selon des chercheurs suisses, ces nouvelles données devraient “enfin convaincre” les autorités sanitaires à « reconnaître formellement le risque que l’exposition chronique à l’aluminium représente pour la santé humaine” et à “en restreindre l’utilisation par l’industrie cosmétique”.

Alors que plus de 50 000 nouveaux cas de cancer du sein sont détectés chaque année en France, doit-on se méfier des sels d’aluminium présents dans les déodorants ? Le rôle de ces ingrédients dans la survenue de la maladie est soupçonné depuis plusieurs années, et une nouvelle étude parue en septembre dans la revue International Journal of Molecular Sciences refait pencher la balance en faveur de cette hypothèse.

 

Cancer du sein et déodorants : “L’aluminium altère l’ADN des cellules

 

Menée par un groupe de chercheurs de la Fondation des Grangettes, du Centre d’Onco-Hématologie d’Hirslanden de la Clinique des Grangettes en Suisse et de l’Université d’Oxford, cette étude a été réalisée sur des cellules de hamsters, y compris celles de glandes mammaires, “des modèles expérimentaux reconnus en toxicologie réglementaire humaine”, précisent dans un communiqué les chercheurs Stefano Mandriota et André-Pascal Sappino. Ces cellules ont été exposées à des sels d’aluminium. Résultat : non seulement elles “assimilent ce métal rapidement”, mais en plus, “dans les 24 heures qui suivent, une instabilité génomique apparaît dans ces cellules, sous forme d’une altération dans la structure et le nombre des chromosomes”.

Interviewé par BFMTV, André-Pascal Sappino précise que ces résultats ont été observés lorsque les sels d’aluminium sont appliqués « même en très petites doses et sur une durée limitée« . Ils vont en effet « traverser la peau et s’accumuler dans la glande mammaire« . Pour l’équipe de chercheurs, “les recherches menées permettent de montrer que l’aluminium altère l’ADN des cellules par des modalités équivalentes à celles de substances cancérigènes reconnues”, comme l’amiante ou le tabac, “et confirment ainsi son potentiel cancérigène”.

 

Restreindre l’utilisation” de l’aluminium dans les produits cosmétiques

 

Ils ajoutent que “ces nouveaux résultats devraient enfin convaincre les instances sanitaires à reconnaître formellement le risque que l’exposition chronique à l’aluminium représente pour la santé humaine, et à en restreindre l’utilisation par l’industrie cosmétique”. En effet, ce ne sont pas les premières études menées sur le sujet – entre autres, des travaux réalisés en 2016 par les deux mêmes scientifiques avaient démontré que des “tumeurs métastatiques très agressives” peuvent se former sur des cellules mammaires de souris exposées à des concentrations d’aluminium “équivalentes à celles mesurées dans la glande mammaire humaine”.

Les suspicions autour des substances chimiques dans les déodorants sont apparues alors que les facteurs de risque de cancer du sein identifiés jusqu’à présent (l’obésité, l’alcool, le tabac ou l’exposition aux hormones estrogène et progestérone) “n’expliquent qu’une petite partie des cancers du sein observés” et que la maladie “se développe de préférence dans les parties externes de la glande mammaire, à proximité de l’aisselle, où la peau est très fine et perméable”.

 

Cancer du sein et déodorants : une hypothèse qui reste controversée

 

Néanmoins, cette hypothèse reste controversée. D’abord, les chercheurs reconnaissent qu’il n’est pas évident de conclure à une relation de cause à effet, des études comparatives de grande ampleur étant manquantes.

Par ailleurs, les autorités sanitaires ne concluent pas à un surrisque de cancer du sein via l’exposition aux sels d’aluminium dans les déodorants : en 2011, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) affirmait que « l’analyse des données épidémiologiques et des études chez l’animal n’a pas pu mettre en évidence de lien entre cancer et exposition à l’aluminium par voie cutanée”. De son côté, le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (CSSC) estimait en 2020 que l’utilisation de l’aluminium était “sûre” quand sa concentration ne dépassait pas 10,6% dans les déodorants en spray et 6,25% dans les autres, des pourcentages supérieurs à ce que l’on retrouve dans les produits actuellement vendus sur le marché.

 

Morgane Garnier Journaliste

 

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