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BERI KAS MAN, REGGAE MAKER: « Le fait d’avoir vécu dans la rue pendant plus de trois ans, a été une école de la vie pour moi »

Béri Kas Man à l’état civil Richard Ouédraogo est un reggae maker burkinabè natif de Ouagadougou qui a été révélé au grand public grâce à son second album « Sauver les enfants de la rue ». Une œuvre qui a dépassé les frontières africaines et européennes.

A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder après la sortie de son nouvel opus, l’artiste nous parle de sa passion, de ses projets, de son quotidien, de sa rencontre avec son producteur, aborde sans détour d’autres sujets, revient sur son séjour en Italie et son trophée de l’Afro-oscar du reggae reçu en 2013 à Milan et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Beri Kas Man : Je me porte à merveille et je rends grâce à Dieu.

 

D’où vient cette passion pour la musique ?

 

En réalité, je suis né pour faire la musique. C’est une passion depuis le bas âge. Déjà, dès la classe de CM2, j’assistais à des spectacles au théâtre populaire Desiré Bonogo ainsi qu’aux répétitions du regretté Gandaogo national Georges Ouédraogo.

 

A cet âge, peut-on dire que vous étiez un enfant turbulent ?

(Eclat de rire) … On peut le dire ainsi. A cette époque, j’étais avec les parents au quartier Gounghin de Ouagadougou, petit à petit, j’ai développé cette passion pour la musique.

 

Vos parents étaient-ils d’accord pour cette option pour la musique ?

 

A ce niveau, je n’avais pas de souci avec le papa, c’est la maman qui n’approuvait pas ce choix, elle se disait que cela était lié à la paresse. Les acteurs sportifs et culturels n’avaient pas bonne presse à un certain moment. C’est au fil du temps que les choses se sont améliorées et la maman a contribué financièrement à mes premiers enregistrements en studio chez Sam Zongo Etienne.

 

Qu’est-ce qui justifie votre choix pour le reggae ?

 

Le reggae est une musique qui permet de faire passer des messages poignants. L’avenir se prépare aujourd’hui et pour cela, il faut contribuer à l’éveil des consciences. C’est une musique transfrontalière et la particularité de mon reggae est que je chante beaucoup plus en langues locales. Le fait d’avoir vécu dans la rue pendant plus de trois ans, a été une école de la vie pour moi et cela m’a beaucoup inspiré sur certaines dures réalités de la vie. Mon second album « Sauver les enfants de la rue » en est une émanation.

 

Quelle est véritablement la petite histoire de la chanson « Sauver les enfants de la rue » qui a connu autant de succès tant au Burkina Faso qu’en dehors des frontières ?

 

C’est juste pour dire que l’on peut être un enfant de la rue sans toucher aux stupéfiants, sans voler et être un modèle pour la société.

 

Pourquoi êtes-vous parti en Italie en décembre 2009 au moment où vous étiez sous les feux des projecteurs ?

 

Ma famille y était déjà et je voulais également étudier l’informatique. Ma génitrice a fait mes papiers et je me suis envolé avec mon petit frère pour l’Italie. Et j’ai profité de l’occasion pour retoucher des titres à Milan à GM Productions qui est un studio qui accueille de grosses stars comme Eros Ramazzotti et Laura Poisini avant de distribuer mon album en Europe tout en continuant mes études.  Je peux dire que je suis le premier Africain à avoir travailler avec ce label. L’œuvre a connu un succès européen et l’ambassade du Burkina Faso en Italie m’invitait régulièrement à ses activités culturelles et c’est l’occasion pour moi de dire merci à ces autorités.

 

Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?

 

Ce sont de beaux souvenirs et un moment riche en expérience. J’ai beaucoup voyagé à travers l’Italie et cela a été bénéfique pour ma carrière au plan international. Je profite dire merci à Marco Prada et Maï de Milan qui m’ont ouvert des portes et soutenu. Et ce qui m’a aussi marqué, ce sont les concerts de Pierrette Adams, Dj Arafat et Gadji Céli auxquels j’ai participé.

 

Que représente le trophée de l’Afro-oscar du meilleur artiste reggae que vous avez reçu en 2013 à Milan ?

 

Ce trophée m’a beaucoup marqué et c’est la résultante du travail bien fait. Le drapeau de mon pays a flotté ce jour, l’émotion était incommensurable. Il y a un adage qui dit qu’on n’est jamais prophète chez soi. J’étais nominé dans cette catégorie avec des artistes d’autres pays africains, italiens et allemands et c’est moi qui étais lauréat. Je n’ai pas encore eu cette reconnaissance dans mon propre pays.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur dis merci car c’est grâce à eux que j’occupe ma position actuelle. Ils sont ma force et ma source énergétique pour avancer dans ma carrière.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Chaque artiste fait la musique pour en vivre. La musique complète mes sources de revenus.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Mon quotidien est occupé par la musique et mes autres activités. Je suis aussi dans l’immobilier et la vente de véhicules automobiles.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de quatre enfants.

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?

 

Je serai parfaitement d’accord avec lui car si la musique n’était pas une bonne option, je ne m’y engagerais pas.

 

Quelle est la particularité de votre nouvel album qui vient de sortir ?

 

C’est une œuvre de neuf titres baptisée « Buud gomdé » qui est particulière au niveau de la musicalité car elle est la somme de mes années d’expériences. C’est un album qui interpelle les Africains de ne pas oublier leurs racines et leur culture. Et je profite féliciter les autorités de la Transition qui ont décidé d’utiliser nos langues nationales comme outils de travail.

 

Comment avez-vous rencontré votre producteur dans un contexte où les structures de productions se font rares ?

 

C’est une longue histoire. Mon producteur me connaissait longtemps et fait partie de mes fans. Quand je suis revenu d’Europe, au moment où je planifiais la sortie de mon troisième album, c’est là que nous nous sommes rencontrés et il a proposé de me produire à travers sa structure qui est Béogo Prod. Je lui dis encore merci ainsi qu’à tous ses collaborateurs pour la confiance.

 

Quels sont vos projets ?

 

Je voudrais beaucoup m’engager dans l’éducation et je compte donc donner assez de concerts dans les écoles pour des messages de sensibilisation.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je dis merci aux Editions « Le Pays » pour son engagement à accompagner les artistes de divers horizons. Vivement que la paix revienne au Burkina Faso.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

 

 

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