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AICHA LA BELLE, ARTISTE- CHANTEUSE: « Je demande aux femmes d’arrêter la jalousie »

A l’état civil Aïssatou Niangané, cette sublime voix de la musique burkinabè en la personne d’Aïcha La Belle, est née à Cinkansé d’où elle est originaire à la frontière du Togo. Passionnée de musique et de cinéma depuis la tendre enfance, elle grandit dans la ville de Bittou avant de s’envoler pour la Guinée équatoriale où elle se retrouve au Consulat du Burkina Faso dans ce pays en tant que secrétaire. C’est dans cette partie de l’Afrique qu’elle débute sa carrière musicale où elle se fit une renommée avant de regagner le bercail huit années plus tard. Auteur de sept singles dont « M’bayiri », « Supportez la vie » ou « Bissa wo bissa », l’artiste va à la conquête des mélomanes burkinabè avec un nouveau single « Lanon » sorti en octobre 2023 avant son prochain album.

A travers cette interview exclusive qu’elle a bien voulu nous accorder, elle nous parle de son parcours, de ses projets, revient sur son séjour hors du pays, aborde sans détour d’autres sujets, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Aïcha La Belle : Je me porte bien comme vous le constatez.

 

D’où vient cette passion pour la musique ?

 

Ma passion pour la musique a commencé depuis le bas âge. Au départ, c’était dans le cinéma que je voulais évoluer mais par la suite, j’ai changé d’idée pour choisir la musique. Actuellement, je jongle entre le 7e art et la musique.

 

Il est difficile pour certaines jeunes filles d’avoir l’aval des parents concernant le choix du show-biz. Avez-vous eu une contrainte dans ce sens ?

 

Généralement, c’est difficile pour les filles d’avoir l’aval des parents avant de s’engager dans la musique mais cela n’a pas été le cas pour moi. Mes parents ont vraiment apprécié favorablement mon choix.

 

Dans quel style musical définissez-vous votre carrière professionnelle ?

 

Personnellement, je ne suis pas focalisée uniquement dans le tradimoderne. Je touche un peu de tout pour me positionner dans la variété musicale.

 

Après avoir produit sept singles, à quand la sortie d’un album ?

 

L’album, c’est pour bientôt. Je ne vais pas me prononcer sur une date précise car il y a encore des réglages à peaufiner. Vous serez informé au moment opportun mais je vous rassure qu’il sortira avant 2025. Je viens de réaliser un nouveau single, il y a pratiquement trois mois de cela et il suit son petit bonhomme de chemin.

 

Est-ce que cet album sera un regroupement des différents singles déjà produits ?

 

En plus des singles déjà produits, les mélomanes pourront s’attendre bien évidemment à des chansons inédites.

 

Quelle est la difficulté majeure d’une jeune artiste comme vous ?

 

Les difficultés que nous rencontrons sont nombreuses. Ce n’est pas simple pour une femme dans le milieu du show-biz. Je ne vais pas m’hasarder à les citer ici.

 

Qu’est ce qui justifie votre aventure en Guinée équatoriale ?

 

En 2013, je quittais le Burkina Faso pour une autre aventure en Guinée équatoriale où j’ai passé huit ans de ma vie là-bas. Au fait, c’est en Guinée équatoriale que j’ai débuté ma carrière musicale, ce qui justifie le fait que je ne suis pas trop connue sur le plan national. Pour l’instant, j’ai un peu du mal à m’intégrer ici mais au niveau international, je suis quand même connue.

 

Que retenez-vous de cette aventure hors du pays ?

 

Cette aventure a beaucoup apporté à ma carrière. Les différentes tournées dans cette partie de l’Afrique m’ont ouvert des portes, des contacts et un peu d’argent pour m’occuper de ma famille. Et je vais profiter de l’occasion pour dire merci au Consul honoraire du Burkina Faso en Guinée équatoriale qui m’a donné une chance en me recrutant en tant que secrétaire au sein du Consulat.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur dis merci et je leur demande de continuer de me soutenir. Je suis revenue au Burkina il n’y a pas longtemps et déjà ce que je ressens et remarque comme engouement, autour de moi, me fait chaud au cœur. Je pensais que je serai dans l’ombre mais tel n’est pas le cas. Quand je sors pour mes spectacles, il y a de la mobilisation.

 

Au-delà du projet de la sortie de l’album, quelle autre action vous tient-elle à cœur ?

 

Je vous ai reçu au sein de mon entreprise, en dehors de la musique, je suis une femme entreprenante. Je suis PDG dans une entreprise de cosmétique à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Je forme également les jeunes filles et femmes de ce pays qui veulent embrasser ce métier de la cosmétique.

 

Ces activités n’ont-elles pas une emprise sur votre carrière musicale ?

 

Non pas du tout puisque je ne travaille pas seule. J’ai un personnel bien organisé et je peux même m’absenter pour une semaine.

 

Quelle est la petite histoire de votre nouveau single « Lanon » qui est très prisé par le public ?

 

C’est un message adressé aux femmes qui sont jalouses de leurs copines. La jalousie peut nous pousser à faire du mal. Je demande aux femmes d’arrêter la jalousie car cela ne nous conduit à rien. Que ce soit avec la coépouse, une amie ou la collègue de service, il faut arrêter. C’est une chanson en bissa. Au-delà des femmes, ce message concerne tout le monde.

 

Que pensez-vous de l’évolution de la musique burkinabè ?

 

La musique burkinabè évolue très bien et surtout la musique bissa. Vous constaterez sur les réseaux sociaux et autres plateformes de téléchargement que les artistes bissa sont en train de s’améliorer en ajoutant un plus à ce style. Nous essayons de moderniser ce que nos grands-parents nous ont légué.

 

Vivez-vous de votre musique ?

 

Pas assez, les revenus de ma musique sont un complément de ce que je gagne dans l’entrepreneuriat.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je ne suis pas mariée, je suis une mère de deux enfants.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?

 

Moi ça ne me dérange pas. Je vais l’encourager et l’accompagner dans ce sens tout en lui prodiguant des conseils afin d’éviter certains pièges.

 

Quels sont vos vœux pour cette nouvelle année 2024 ?

 

C’est tout d’abord souhaiter la paix, rien que la paix pour notre pays. Le Burkina Faso a souffert depuis des années, on n’arrive pas à s’épanouir et les parents souffrent. Que Dieu bénisse et protège notre Président, le capitaine Ibrahim Traoré, et je profite lui dire qu’il n’est pas seul, le Burkina le soutient.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer à travers vos lignes, c’est pratiquement la première grande interview qui m’est accordée depuis mon retour au bercail. Je demande à la jeunesse de se battre pour un lendemain meilleur au lieu d’être friande de revendications.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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