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AICHA KONE, ARTISTE-MUSICIENNE: « J’ai dédié une chanson à Ibrahim Traoré et bientôt, vous verrez le clip »

Aïcha Koné, origine de Gbon dans le département de Boundiali, est une chanteuse ivoirienne née le 21 mai 1957 à Abidjan, et chantant principalement  en sénoufo et en dioula. Elle fait partie des anciennes chanteuses modernes en Côte d’Ivoire et en Afrique. La Diva comme on l’appelle ou Maman Africa a fêté ses 45 ans de carrière en août 2022 avec un grand concert à l’hôtel Ivoire d’Abidjan. A l’occasion de la 15e  édition du FEMUA, nous lui avons rendu visite à son domicile à Abidjan, pour en savoir plus sur elle.

Quelle est l’actualité de la Diva Aïcha Koné ?

 

Comme vous le constatez, je suis avec les enfants,  et mes petits-fils ; ce sont les vacances, on s’amuse avec des séries Tik-tok qui sont en vogue et moi ça m’amuse. Ce sont des systèmes que les femmes maîtrisent et moi je ne suis pas habituée, et ce sont eux qui dirigent et c’est amusant. Ce sont de belles vacances qu’on passe.

 

Des projets à court terme ?

 

Je prends l’avion le 10  mai 2023, pour Cotonou là où on va célébrer mon maître Bonkana Maïga, 50 ans de carrière musicale, donc c’est Cotonou qui fait cet honneur de rendre hommage au Maestro et je fais partie des artistes invités qu’il a formés il y a cinquante ans, il y aura pas mal d’artistes. Kamaldine, Sékouba Bambino de la Guinée, et bien d’autres artistes africains. Il y aura aussi des artistes congolais.

 

Et quand on sait que Bonkana Maïga est Malien, pourquoi la fête ne se déroule pas au Mali mais au Bénin ?

 

Bonkana Maïga  est certes Malien, mais c’est le panafricain musicalement parlé, il arrange toute sorte de nationalité et c’est le Bénin qui a pensé à lui, qui a trouvé bon de l’honorer, j’en profite pour dire merci aux promoteurs du Bénin.

 

 Après qu’on a fêté cinquante ans de carrière musicale, qu’est-ce  Aïcha Koné  vise maintenant?

 

Musicalement, on attend rien, est-ce que c’est encore la gloire qu’on attend ? Non, je pense qu’Aïcha Koné veut faire passer des messages comme à l’accoutumée mais cette fois-ci, vu la crise que traverse notre continent, je suis messagère, je parle de cette Afrique qui veut se libérer, qui veut prendre sincèrement son indépendance sur le plan économique dans mes chansons comme Africa liberté pour parler de la chanson de Franklin Bokaka qui avait vu ces époques-là. Je suis plutôt messagère panafricaniste et la politique m’intéresse plus beaucoup.

 

Et pensez-vous vous placer  pour occuper des postes de députations ?

 

On n’a pas forcément besoin d’occuper un poste politique pour aider son pays mais il y a des causes nobles qu’on peut défendre à travers la chanson. La liberté d’expression, la justice. L’Afrique a été à leur école et l’Afrique voit plus claire. On essaye de copier sur Thomas Sankara, Sékou Touré, Mohammad Kadhafi…

 

Après quarante-cinq ans, combien avez-vous d’albums et de trophées ?


Les trophées, il y a eu au moins quarante-six, vingt-huit albums

 

Après quarante-cinq ans, on pense à la retraite un jour ?

 

Oui j’y pense en tant que musulmane et je suis très religieuse, je suis Adja, j’ai été à la Mecque plusieurs fois, et j’envisage prendre ma retraite en devenant chantre pour chanter les louanges du Seigneur et de ses attributs, des prophètes et tous. Et j’aimerais aborder les thèmes  du pardon, l’être humain a besoin de l’amour de son prochain.

 

Quand vous allez vous reconvertir dans ce style musical, vous n’avez pas peur de perdre vos fans qui ne vont plus se retrouver ?

 

(Rire), vous savez dans ce milieu et dans les pays arabes, on a des gens qui sont acquis pour la cause des chantres. Des gens qui aimeraient vous voir dans leur palais et vous voir louer le Seigneur et ses attributs. Ce n’est pas seulement notre vie d’artiste-là, mets ta foi en Dieu et tu verras.

 

Que pensez-vous de la musique ivoirienne quand vous voyez les jeunes chanter  ?

 

Les jeunes se battent et le Zouglou est à une certaine hauteur qu’on voit. Moi j’ai commencé à m’intéresser au Zouglou parce qu’ils ont des thèmes qui parlent de la société avec beaucoup de franchise et de textes qui sont mûrs, réfléchis.

 

Et le coupé-décalé ?

 

C’est pareil mais ce n’est pas mon genre mais ça m’amuse des fois (rires) ; c’est leur époque, et il faut faire avec. Par rapport aux maîtres et aux professionnels qui m’ont formée ce sont les textes souvent dans la chanson et j’ai été impressionnée par une femme, Myriam Makeba qui se battait contre l’apartheid. Donc, mes textes, je les mûris, c’est ce qui m’intéresse beaucoup. Il ne faut pas chanter toujours pour le plaisir, il faut apporter quelques choses à la société.

 

On sait que votre amie, collègue Tshala Muana est venue à Abidjan pour vos quarante-cinq ans de carrière, après quelques mois, elle a perdu la vie. Qu’est-ce que vous ressentez ?

 

Qu’est-ce qu’on peut ressentir si ce n’est que l’amertume, la tristesse. J’étais désolée mais j’ai foi en Dieu et c’est très difficile souvent de perdre un être cher. Sur la toile quand je la revois, vraiment, j’ai des frissons. Sinon quand elle est venue pour mes quarante-cinq ans,  le dimanche 7 août 2022 au Sofitel Hôtel Ivoire, on avait promis de se revoir et je comptais faire un tour là-bas, en Afrique centrale en RDC, et ce coup est arrivé. Comme quoi avec le Seigneur, il y a parfois des surprises désagréables

 

Vous avez pu aller assister à l’enterrement ?

 

Non, je n’ai pas pu, parce qu’à l’époque, j’avais déjà signé des engagements, c’était très compliqué pour moi. J’espère que quand j’aurai une tournée en Afrique centrale, je passerai dans sa famille pour présenter mes condoléances.

 

Qu’est-ce que vous pensez de l’initiative de Magic system d’organiser un festival comme le FEMUA ?

 

Je pense qu’ils donnent de l’opportunité à des artistes connus ou peu connus de se faire une image dans la place. C’est un plateau d’échanges ; j’y ai déjà participé, au tout début, quand tout se passait au quartier Anoumabo, et je trouve que c’est une bonne bataille pour la culture, parce qu’on reçoit pas mal d’artistes qui viennent d’ailleurs et qui font preuve de ce qu’ils savent faire, qui viennent représenter leur pays ; c’est une fierté pour la culture africaine.

 

A quand, un concert au Burkina ?

 

J’attends les promoteurs (rire) ; un artiste ne peut pas organiser un concert, c’est le rôle des promoteurs.

 

Le Burkina traverse une crise sécuritaire. Qu’est-ce que vous avez à dire aux Burkinabè ?

 

En tant que femme et être humain, c’est le même combat, tout le monde veut son autonomie, et c’est ce que le colon ne veut pas accepter. Ça Thomas Sankara l’avait compris il y a très longtemps. Donc des gens comme le président du Faso actuel Ibrahim Traoré et leurs équipes, ce sont des Thomas Sankara qui sont en train de germer en nous, nous en sommes fiers. Je lui ai même dédié une chanson et c’est même clipé. Bientôt, vous verrez ce clip sur vos chaînes de télévisions. Je prie pour le Burkina. Il en est de même pour le Mali et pour la Guinée Conakry. Je ne peux pas me prononcer là-dessus, mais je pense que ces pays ont  envie d’avoir leur autonomie.

 

Un message pour conclure ?

 

Je suis très heureuse de cette visite. A nous revoir Inchallah au Burkina. J’attends que les promoteurs me fassent un  signe pour un grand concert live  au Burkina (éclats de rire).

 

Propos recueillis à Abidjan par Evariste Télesphore NIKIEMA

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