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ZIDAS, ARTISTE-MUSICIEN: « Jusqu’à présent, on n’a pas une identité musicale »

Zidas, Zoungrana Yacouba à l’état civil est un artiste-musicien, chanteur, auteur compositeur.  Egalement formateur en jeu d’instruments traditionnels et interprète des instruments parleurs, Zidas est un passionné de la musique traditionnelle. Il a à son actif deux albums. Après son concert au CENASA le 30 novembre 2023, qui a connu un grand succès, nous sommes allé à sa rencontre. Avec lui, il a été question de son amour pour les instruments de musique traditionnels, de ses albums. Dans cette interview, il décortique sa carrière, son quotidien, jette un regard critique sur la musique burkinabè et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt !

   

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Zidas : je vais bien par la grâce de Dieu

 

D’où vient cette passion pour la musique ?

 

J’ai hérité cette passion de mes parents. Ma maman était cantatrice d’occasion. C’est pendant les cérémonies de réjouissance qu’elle se faisait plaisir en chantant. Et mon papa jouait le bendré. Ce bendré, Dieu merci, m’a été légué. Ce bendré même est plus vieux que moi, mais je l’utilise jusqu’à présent. Donc, je peux dire que cette passion vient de là. Mais en plus de cela, la passion de la musique traditionnelle vient de mes devanciers, c’est-à-dire ceux qui ont chanté avant moi, comme Georges Ouédraogo, Jean Claude Bamogo, To  Finley, Seydou Nignan. Je m’inspire aussi de ces devanciers.

 

Combien d’album avez-vous sur le marché ?

 

A mon actif, j’ai deux albums. Le premier sorti en 2015, est titré Passion. Le deuxième sorti en 2017 est Bayiri reem En plus de cela, j’ai beaucoup de singles. Aussi, j’ai été directeur artistique de certains artistes comme  Clanabelle. J’ai formé aussi pas mal d’artistes dans le live. J’ai aussi écrit des chansons, la chanson smanbé de Bill Aka Kora.

 

Comment se comportent ces albums sur le marché ?

 

Je dirai Dieu merci. Le premier album a fait son petit bonhomme de chemin. Je dirai que ça a manqué un peu de promotion. Concernant le 2e album, je dirai Dieu merci. Ça m’a permis de faire quelques voyages, comme le festival sur le fleuve Niger à Ségou. Je dirai que ça se porte bien. Et cela me permet de vivre de mon art, de travailler, de voyager aussi pour les festivals.

 

 Pourquoi avez-vous choisi les tchéma comme instrument de musique ?

 

Les tchéma sont vraiment mon instrument de prédilection. Premièrement, je dirai que c’est typique au Burkina Faso. Deuxièmement, ce sont des instruments qui sont facilement transportables. En plus de cela, on peut les jouer avec n’importe quel rythme de musique. Du coup, je me suis vraiment senti accroché à cet instrument. Ça me permet à n’importe quel lieu de faire mon chaud quand je veux.

 

 Où avez-vous appris à jouer aux tchèma ?

 

J’ai appris à jouer aux tchèma à travers les orchestres. C’est surtout à l’orchestre national que j’ai commencé à l’utiliser fréquemment, pour les interprétations que nous avions de Georges Ouédraogo, de Jean- Claude Bamogo. C’est moi qui chantais beaucoup ces chansons, donc c’est moi qui utilisais beaucoup les instruments tchèma.  C’est comme ça que l’amour entre moi et les tchèma est devenu assez grand, parce que c’est mon instrument de prédilection maintenant.

 

Quels sont les messages que vous véhiculez à travers vos chansons ?

 

A travers mes chansons, je véhicule les messages de la famille, de paix. En tout cas, je dépeins un peu les tares de la société, comme l’incivisme. Je fais certaines chansons un peu osées mais qui vont dans le sens de l’humour pour égayer les gens.

 

 Vivez-vous de votre art ?

 

Oui, je vis pleinement de mon art, parce que depuis 2006, c’est la seule activité que je mène. C’est vrai qu’au-delà de la prestation musicale, je fais de la formation.  Au-delà des formations aussi je suis directeur artistique, souvent dans les studios ; je joue les instruments traditionnels. Déjà la musique me prend tout mon temps. Donc je ne fais pas autre chose en dehors de la musique.

 

Quels sont vos projets ?

 

Mes projets à court terme concernent des prestations. A ce sujet, j’ai organisé un concert le 30 novembre dernier au CENASA. Dieu merci, ça a été une vraie réussite.  A long terme, je suis au studio pour un 3e album. Don artiste Burkina m’a fait confiance, la maison de papa Télesphore Bationo m’a fait confiance. Je suis en train de travailler actuellement avec eux sur un 3e album. Au-delà de cela, nous avons des projets sur des instruments traditionnels. Nous sommes en train de peaufiner et de voir comment est-ce que nous allons travailler à ce que l’instrument traditionnel soit encore plus vu, plus accepté et plus utilisé.

 

Quel regard critique jetez-vous sur la musique burkinabè ?

 

Je dirai que je suis fier de la musique burkinabè. Nous avons des artistes de renom qui peuvent valablement représenter le Burkina Faso à l’international. Mais le petit hic que j’ai c’est que jusqu’à présent, on n’a pas une identité musicale en tant que telle. Je dirai que nous devons tous ensemble travailler dans ce sens. Mais aussi nous devons ensemble permettre à ceux qui par exemple arrivent à se hisser au sommet de la musique burkinabè de sillonner les scènes extérieures, de sillonner les scènes mondiales.  Parce que la plupart du temps, ils sont très bons, mais il n’y a pas un réel accompagnement pour vous amener au-delà de nos frontières. Et c’est vraiment déplorable. Il nous appartient à nous les Burkinabè et à nos dirigeants de travailler en synergie avec nos artistes pour leur permettre de vraiment sillonner les grandes scènes et montrer leur talent.

 

 Quel est votre quotidien ?

 

Le matin j’amène mes enfants à l’école. Après cela, je me consacre beaucoup à ma musique ; entre écrire mes projets musicaux, réviser en live mes chansons, et voir les programmations en live des festivals. Je consacre un peu de mon temps aussi à la grande famille. De temps en temps on fait des réunions. Voici mon quotidien quand je suis à Ouaga. Quand je suis en voyage c’est pour les festivals, les tournées.

 

Quels est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de trois enfants, dont la première fait la 3e cette année. Je prie Dieu qu’elle réussisse.

 

Quelle est selon vous, la difficulté majeure qu’un artiste traditionnel comme vous rencontre ?

 

La difficulté majeure que nous rencontrons, c’est le manque de scènes (prestations). Il n’y a pas beaucoup de scènes pour l’instrumentaliste traditionnel. La plupart du temps, dans l’année, il n’y a peut-être au maximum que 10 scènes. Par contre, les artistes urbains ou modernes peuvent atteindre 60 à 90 scènes par an.  Vous voyez déjà la différence, entre 10 scènes et 90 scènes ?

 

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

A mes fans, je dis grand merci pour leur soutien, pour la diffusion chaque fois de mes œuvres auprès de leurs proches. C’est assez important pour moi. Je leur dis grand merci. Mais j’exhorte encore les Burkinabè à s’intéresser à la musique traditionnelle ou à la musique tradi moderne. Ce qui va permettre aux artistes de vraiment vivre de leur art et de faire mieux et d’aller de l’avant.

 

 Un mot pour conclure ?

 

Pour conclure, je dirai grand merci à Evasion pour cette main tendue, merci à ActuBurkina, merci aux Editions « Le Pays », et merci au peuple burkinabè. Le peuple est sorti nombreux pour mon concert en novembre dernier. Merci à tous.

 

Rahmatou Sanon

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