C’est plus difficile de s’engager dans une relation amoureuse quand on veut garder son indépendance. Catalyseur de confiance, d’estime de soi et source de liberté, l’indépendance est érigée comme une vertu à valeur de guide pour faire ses choix et ses projets de vie. Dans les relations affectives aussi, vouloir conserver son individualité et garder son propre espace sans se fondre totalement dans le « nous » est plutôt bénéfique à l’épanouissement personnel et mutuel…, jusqu’à un certain point. Au sein du couple, faire montre d’une indépendance débordante pourrait être à double tranchant, selon un psychologue américain.
Mark Travers, psychologue à la Cornell University et de l’University of Colorado Boulder aux Etats-Unis, met le doigt sur cette face cachée de l’hyper indépendance sur la vie amoureuse. Dans les colonnes de Psychology Today, il explique que celle-ci forme un obstacle dans l’épanouissement amoureux. Quand cette indépendance au sein du couple devient excessive, il se crée un déséquilibre qui peut entacher la qualité de la relation amoureuse et nuire à sa consolidation. Chez les célibataires, cette indépendance excessive peut même représenter un frein dans la quête d’une histoire sérieuse. « Alors que l’indépendance renforce la résilience, l’hyper indépendance crée une barrière qui empêche toute connexion authentique, transformant l’autonomie en isolement », pointe l’expert.
Comment savoir si l’on est trop indépendant ? Le thérapeute invite à identifier un comportement particulièrement révélateur qu’il appelle « l’attachement évitant« . Comprendre : la tendance à escamoter ses émotions, à éviter de dire ce que l’on ressent, à partager ses tourments. Cette distanciation émotionnelle sert de carapace protectrice mais compromet tout attachement à l’autre. « Pour les personnes hyper indépendantes, la distance émotionnelle ressemble à une protection. Ils pensent que l’amour conduit inévitablement à la déception, car la proximité entraîne souvent la perte et le chagrin d’amour« , analyse Mark Travers. Cette peur de souffrir incite ces personnalités évitantes à se confiner dans leur indépendance. Elles préfèrent taire leurs émotions plutôt que d’afficher leur vulnérabilité, de s’attacher et de faire confiance.
Heureusement, il existe des astuces pour dépasser la peur de l’engagement. D’abord, il faut modifier ses pensées limitantes : il s’agit de déconstruire la croyance selon laquelle, la proximité avec l’autre amène toujours une déception ou à une blessure émotionnelle. Ensuite, une fois par semaine, partagez intentionnellement avec votre partenaire quelque chose d’intime, qui fait écho à une histoire personnelle ou une préoccupation. Réfléchissez ensuite à ce que vous avez ressenti en vous ouvrant et en vous connectant de cette manière avec l’autre. Vous pouvez aussi utiliser l’autocompassion en vous répétant intérieurement des phrases rassurantes telles que : « Il n’y a pas de mal à apprécier la proximité sans s’inquiéter d’une future blessure » ou « Cette connexion est unique et n’a pas à répéter les schémas du passé« . Ces quelques pistes aideront à faire tomber progressivement les barrières, à s’affranchir de ses peurs et à cultiver une relation de couple plus équilibrée et authentique.
Emilie Cailleau 20/02/25 06:25