Au fil des semaines

Un grand rendez-vous à forte valeur pédagogique

Le Burkina a été au premier rendez-vous de son histoire avec la Journée des coutumes et des traditions (JCT) décrétée par le Chef de l’Etat, le 15 mai dernier. Un moment qui s’est voulu fort pour la célébration du culte ancestral.  Même si aux termes du décret instituant ladite Journée, l’article 5 stipule qu’il « incombe aux adeptes de la religion traditionnelle d’organiser leurs rites au cours de cette journée », une catégorie d’acteurs est singulièrement interpellée pour la promotion de cette journée dans l’histoire du Burkina Faso. Il s’agit des leaders coutumiers et religieux. Et pour cause.  D’abord, parce que ce sont eux les dépositaires et les gardiens de nos traditions. Même s’ils ont longtemps été snobés en raison de la montée en puissance des religions dites révélées et en raison du fait que l’Administration publique ne leur avait conféré aucun statut officiel, il n’en demeure pas moins qu’ils sont demeurés l’âme  de notre société en raison de leur important rôle social et culturel. Mais ils sont particulièrement aussi interpellés parce que malheureusement, ils ont aussi parfois constitué les lignes de faille de notre société en raison des querelles liées à la prise de pouvoir ou parfois à leur prise de position dans les chapelles politiques avec pour effet la division de leurs propres populations. Mais l’un dans l’autre, la célébration de la Journée des coutumes et des traditions a été l’occasion pour eux de redorer leur blason et d’occuper sur l’échiquier national, la place qui leur revient de droit.

 

On peut saluer la mobilisation des citoyens pour la promotion de leurs coutumes et traditions

 

Ils l’ont d’ailleurs compris en publiant, à l’occasion, une déclaration commune, pour d’abord féliciter les autorités de la Transition pour l’institution de la JCT mais aussi pour marquer leur entière et pleine adhésion à la décision gouvernementale. Mais disons-le clairement. Cette simple profession de foi ne suffira pas, à elle seule, à en faire œuvre utile pour le Burkina Faso qui fonde d’ailleurs beaucoup d’espoirs sur le retour aux sources en cette période trouble de son histoire. Ne dit-on pas, en effet, avec raison, que lorsque l’on est perdu, il faut retourner à son lieu de départ ? Le seul moyen d’assurer le succès de la JCT, c’est le contenu que l’on lui donne et l’impact qu’elle aura sur le quotidien des populations et sur le destin national.

Et dans cette dynamique, le décret présidentiel, sans être dogmatique et exhaustif, donne des orientations : des rites et des activités à caractères spirituel et culturel peuvent être organisés. Mais au-delà des libations et des manifestations folkloriques, ce qu’attendent les Burkinabè de leurs coutumiers, est qu’ils activent toute la puissance de la terre et des mânes du Burkina Faso pour contrer les forces du mal qui obscurcissent depuis bientôt une décennie le ciel du Faso et souillent sa terre du sang des innocents. C’est la seule condition pour que les populations renouent avec le culte ancestral comme pour confirmer l’adage selon lequel c’est la pluie qui ramène le bouc à la maison. De ce point de vue donc, la JCT a été un grand rendez-vous pour les leaders coutumiers qui ont, à l’occasion, mené diverses activités.

Et on peut saluer la mobilisation des citoyens pour la promotion de leurs coutumes et traditions. C’est connu que les prières ne sont efficaces que lorsqu’elles sont portées avec ferveur par tous. Les leaders ne sont que les intermédiaires entre leurs peuples et les mânes. C’est tout le peuple qui doit porter avec ferveur la Journée des coutumes et des traditions (JCT). Avec la mobilisation constatée, on peut affirmer que la JCT a des chances de réussir à relancer la chaîne de nos valeurs traditionnelles de solidarité et de fraternité. Elle aura, dans la même veine,  réussi à réaffirmer notre fierté et renforcer  notre sentiment d’appartenance à notre communauté en nous faisant assimiler les éléments irréductibles de notre identité. Et c’est en cela que la JCT a aussi une forte valeur pédagogique : celle de nous insérer dans la mémoire collective que nous transmettons aux générations futures.

 

P.K

 

Articles similaires

FETE DU TRAVAIL SUR FOND DE FRONDE SOCIALE ET DE COVID-19 : La nécessité d’œuvrer à une bonne reprise du travail

AN I DE LA DISPARITION DE SALIFOU DIALLO: A-t-on pu combler le vide ?

Evasion Magazine

LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT D’ARGENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME: Il faut attaquer le mal à la racine

Evasion Magazine

laisser un Commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.