Timp Saloul, à l’état civil Salifou Kaboré, est un Inspecteur de la Garde de sécurité pénitentiaire et actuel Directeur-adjoint de la maison d’arrêt et de correction de la ville de Yako. Passionné de musique depuis sa tendre enfance, avec deux albums et deux singles au compteur, il a su se faire une place de choix dans la sphère du show-biz burkinabè.
A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder juste après la sortie de son nouveau single « Peuple de l’AES », l’artiste nous parle de ses projets, décortique sa nouvelle sortie discographique, revient sur son quotidien et aborde sans détour d’autres sujets. Lisez plutôt.
Evasion : Comment allez-vous ?
Timp Saloul : Je me porte à merveille.
En dix ans de carrière, êtes-vous réellement satisfait de votre parcours ?
Plus ou moins ; je peux dire que je suis satisfait parce que je tiens toujours sur la scène musicale. S’il n’y avait pas de la satisfaction, j’allais baisser les bras. Le niveau espéré n’est pas encore atteint mais c’est pour bientôt par la grâce de Dieu.
Qu’en est-il de la conquête du marché international avec des productions de belles factures que vous proposez aux mélomanes ?
Je suis de profession Garde de sécurité pénitentiaire et je devrais gravir de galons. En 2013, après la sortie de mon premier album « Saglgo », j’ai eu un concours professionnel pour repartir à l’école pour deux ans. Et c’est en 2016, lorsque j’ai sorti mon single que j’ai pu faire sa promotion. En 2020, j’ai sorti mon second album « M wamtoré » et comme par coïncidence, je repars encore à l’école de formation pour deux ans. Cela a freiné un peu la conquête du marché international. Actuellement, j’ai eu tous les galons que je cherchais. Avec ce nouveau single « Peuple de l’AES » que je viens de sortir, ma voix va franchir les frontières.
Est-ce une autre coïncidence car vous venez d’être nommé comme le Directeur adjoint de la Maison d’arrêt et de correction de Yako ?
(Il éclate de rire) … Yako n’est pas aussi loin de Ouagadougou et cela ne pourra pas être un souci pour ma présence sur la scène du show-biz. Je peux faire les va-et-vient, voilà que je suis là pour mes activités artistiques.
Qu’avez-vous à dire à vos fans ?
Qu’ils continuent de croire en ce que je fais, c’est grâce à leurs soutiens multiformes que je tiens toujours la route. Ce n’est plus comme au temps des cassettes, il y a maintenant les comptes YouTube où ils peuvent télécharger nos œuvres moyennant une contribution financière qui pourrait nous aider à aller de l’avant. Ils peuvent également me contacter pour les clés USB.
Quel est le projet avec cette nouvelle sortie discographique ?
Nous sommes des enfants de la révolution. Même si je l’ai connu avec un regard enfantin, je peux dire que nous sommes des enfants de Thomas Sankara. Ce qui se passe actuellement, est la renaissance de la révolution. L’AES qui regroupe trois pays actuellement fait trembler des grandes puissances. Et cette nouvelle production est ma contribution à l’éveil des consciences. Il y a de grands projets en cours et je vous en parlerai au moment opportun. Mais un concert live de dédicace est en cours. C’est une autoproduction, je n’ai pas encore reçu de soutien financier, j’ai l’accompagnement des médias, c’est considérable. La musique a besoin de beaucoup d’argent et si vous voyez que dans d’autres pays, des artistes excellent, c’est parce qu’il y a des mécènes qui les accompagnent. Et j’espère qu’avec ce single qui concerne les trois pays de l’AES, des mécènes viendront me soutenir.
Etes-vous favorable à des collaborations avec des producteurs ?
Oui bien sûr, je suis prêt à travailler avec d’éventuels producteurs. Après deux albums et deux singles que j’ai produits moi-même, cette expérience me permet de travailler facilement avec une maison de production. Si le contrat est clair, je ne vois pas d’inconvénient. Il ne faut pas voir l’inspecteur GSP mais l’artiste.
Le titre d’inspecteur GSP ne vous ferme-t-il pas des portes dans le show-biz ?
Il faut comprendre que dans le show-biz, je suis un artiste chanteur tout simplement. Avec ce regard, tout va aller. Mais je ne pense pas que ce statut me ferme des portes. Quand les gens nous regardent, beaucoup pensent automatiquement à la justice. Je dis non, il faut savoir faire la part des choses. Je vous accorde cette interview en tant qu’artiste chanteur. Je me dis que ce sont ceux qui sont dans la louche qui ont peur de nous approcher. Il faut que chacun respecte les clauses des contrats.
Peut-on s’attendre à une célébration de vos dix ans de carrière musicale ?
On en parlera après la phase promotionnelle du nouveau single que je viens de sortir. Célébrer dix ans de carrière sans être véritablement bien connu du grand public, je trouve cela ridicule.
Après votre collaboration avec Natou, y aura-t-il d’autres featurings avec des stars de la musique africaine ?
Je ne vais pas dévoiler le secret. Il y a eu déjà des contacts qui ont été ficelés dans ce sens. Je réserve une grosse surprise pour très bientôt. J’ai déjà enregistré une chanson avec un artiste burkinabè qui réside au Ghana.
Qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?
Je les invite à beaucoup plus de lecture. Personne ne viendra valoriser notre culture à notre place. C’est nous-mêmes qui devons mener le combat pour l’imposer à tous les niveaux.
Quel est votre quotidien ?
Il est difficile d’établir mon quotidien avec la fonction que j’occupe. C’est à la descente que je m’occupe de ma carrière musicale. Il y a un orchestre à Yako et nous nous retrouvons tous les jeudis pour les répétitions en live de mon répertoire.
Si le succès escompté est acquis et vous signez des contrats qui vous feront voyager à travers le monde pour des concerts, allez-vous ranger votre casque de GSP ?
(Il éclate de rire) … Attendons que cela arrive d’abord avant de me prononcer.
Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?
Ma fille suit des cours de batterie. Je ne peux la contraindre. C’est sa passion. Mais je l’encouragerai à se concentrer sur ses études d’abord, la musique pourra venir plus tard.
Qu’avez-vous à dire pour conclure ?
Je vous dis merci pour votre soutien depuis le début de ma carrière. Que le Tout-puissant vous le rende au centuple. Encore merci à toute votre rédaction.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON