Né à Ouagadougou plus précisément au quartier Silmiougou, Soumaïla Kaboré qui est originaire de Bazoulé, une localité située à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou, fait partie des rares mécènes que compte le Burkina Faso. PDG de la structure immobilière IMMONET, il est passionné de la musique depuis la tendre enfance. Cela fait plusieurs années qu’il est dans l’action du mécénat et a déjà soutenu un nombre indéchiffrable de vedettes de la chanson et de jeunes talents. Très discret, nous avons pu obtenir une interview avec ce grand homme de culture. A travers cet entretien, il nous parle de sa passion pour la musique, de son engagement aux côtés des artistes, de son quotidien, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.
Evasion : Comment allez-vous ?
Soumaïla Kaboré : Je vais bien.
D’où vient votre passion pour la culture ?
Tout d’abord, je félicite tous ces jeunes qui se sont engagés dans le domaine de la culture. Mais le constat est qu’ils n’ont pas assez de moyens financiers pour concrétiser leur rêve et passion. J’aime bien le monde culturel surtout la musique depuis belle lurette. Dieu a fait grâce que je peux soutenir ces jeunes. Les mécènes se font rares dans notre pays et cela n’arrange pas l’évolution de nos artistes.
Les mécènes ne sont-ils pas des philanthropes ?
Non, je ne le pense pas. Soutenir des artistes sans rien gagner en retour ne veut pas dire que nous jetons de l’argent par la fenêtre. C’est l’homme qui fait l’homme, et on a toujours besoin d’une tierce personne pour émerger. C’est la même chose que le journaliste culturel qui, à travers ces écrits, fait la promotion des artistes sans rien attendre en retour.
Quels sont vos rapports avec les artistes depuis que vous êtes engagé dans le mécénat ?
Ce sont de bons rapports. Cela fait plusieurs années que je soutiens les artistes mais le grand public ne me connaît pas car je n’aime pas qu’on en parle beaucoup. J’aime bien la discrétion. Il vous a fallu plusieurs démarches pour que j’accepte cette interview. Je ne voudrais pas citer les artistes que j’ai aidés pendant toutes ces années.
N’êtes-vous pas victime de l’ingratitude de certains artistes ?
Je ne pense pas être victime de l’ingratitude de certains artistes. On ne soutient pas un artiste pour attendre une reconnaissance de sa part. D’une manière générale, les artistes sont reconnaissants.
Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?
La musique burkinabè, a pris une ascension encourageante, c’est la culture et l’art en général. Les jeunes talents, de par leurs créativités, se retrouvent sur des scènes internationales. Je crois qu’il faut saluer ce positionnement à sa juste valeur.
Ne pensez-vous pas que certains artistes se sentent frustrés pour n’avoir pas bénéficié de vos soutiens ?
(Il éclate de rire)… Non, je ne pense pas. On ne peut pas aider tout le monde, c’est quasi impossible, mais je crois que tout dépend de l’approche de l’artiste. Et puis, je ne suis pas le seul mécène au Burkina Faso. D’autres personnes aussi apportent leur contribution à la promotion de notre patrimoine culturel. Et c’est l’occasion pour moi d’inviter ceux qui ont la possibilité de tendre la perche à nos artistes de ne pas hésiter. C’est ensemble que nous y arriverons.
Quel est votre quotidien ?
Le matin, il y a des demandes d’audience, j’essaie de recevoir ces visiteurs et ensuite, je fais un tour au bureau. Il y a aussi les visites de chantiers car dans le domaine de l’immobilier où j’évolue, il y a tout un beau monde qui y travaille. Ce sont vraiment des journées très chargées.
Peut-on savoir les difficultés majeures que vous rencontrez ?
Au niveau du monde des artistes, il n’y a pas de difficultés en tant que telles. Même au niveau de l’immobilier, il n’y a pas de soucis, nous sommes reconnus officiellement, tout se passe bien par la grâce de Dieu avec les propriétaires terriens, les mairies, les environnementalistes et d’autres acteurs qui gravitent autour de l’activité.
Qu’avez-vous à dire à nos lecteurs ?
Je demande la culture de l’amour de son prochain. Quand vous voyez un citoyen qui se bat au quotidien, si vous ne pouvez pas l’aider, de grâce, n’entamez pas des actions pour le nuire. Nous, en tant que citoyens de ce pays, devons unir nos efforts pour une synergie d’actions afin de faire avancer le Burkina Faso. Il ne sert à rien de faire du mal à son semblable.
Quelle est votre situation matrimoniale ?
Je suis marié et père de trois enfants.
Et que feriez-vous si l’un de vos enfants décide de se lancer dans la musique ?
Si tel est son choix, je vais le soutenir afin qu’il atteigne ses objectifs.
Quel est votre mot de la fin ?
Tout d’abord, je souhaite que la paix revienne au Burkina Faso, notre chère patrie. Sans la paix, rien n’est possible. Ensuite, je vous dis merci et à l’ensemble de l’équipe de votre journal pour cette démarche qui met en lumière certains acteurs culturels de l’ombre. Bon vent à vous.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON