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SAVINO, ARTISTE- MUSICIEN: « A tous les Burkinabè, que chacun mette de l’eau dans son vin »

Né à Gourcy dans le Yatenga au nord du Burkina Faso d’où il est originaire, Savino, à l’état civil Inoussa Savadogo, est un jeune artiste passionné de musique depuis sa tendre enfance. Auteur de deux albums et un maxi, c’est en 2014 qu’il finalisera la sortie de son premier opus, suivi d’un maxi en 2017 et son récent album ayant pour titre éponyme « C’est possible » est sorti en août 2021.

L’artiste s’est également retrouvé dans plusieurs projets de collaborations comme avec Rabylad le Béninois, Ollaïd Ramo, Boningo de la Côte d’Ivoire, le Collectif hommage à Salif Diallo, Barsa Dj, Korarisse et bien d’autres.

A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, cet artiste et instituteur de formation revient sur son parcours, nous fait un bilan de sa carrière, parle de ses projets, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè et aborde sans détour d’autres sujets. Lisez plutôt.  

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Savino : Je vais bien par la grâce de Dieu.

 

D’où vient votre passion pour la musique ?

 

Cette passion date de mon enfance au cours de laquelle j’aimais les bals poussières, les émissions musicales à la télé et à la radio.

 

Après deux albums et un maxi, quel bilan faites-vous de votre parcours ?

 

Le bilan que je tiens de mon parcours est mi-figue mi-raisin. Je suis à moitié comblé dans la mesure où j’ai pu rencontrer en 2021 un homme du milieu en la personne d’Abdoul Aziz Ouédraogo qui est le PDG de la structure 2AO Production. Et il a produit mon album « C’est possible » en août de la même année. J’aurai souhaité être en vogue et atteindre une dimension encore plus grande que celle que j’ai atteinte.

 

Pouvez-vous nous parler de votre prochain album ?

 

Pour le moment, je projette de sortir un single de soutien à la Transition en cours au Burkina, cela en collaboration avec d’autres artistes dont je préfère taire les noms pour l’instant.

 

Et quelle sera la particularité de cette sortie discographique comparativement à vos précédents albums ?

 

Je reste moi-même dans ma façon de faire. Mais je compte changer et adapter ma façon de faire la promo suite aux expériences vécues dans le passé.

 

Quelle est la difficulté majeure d’un jeune artiste comme vous ?

 

Mes œuvres sont de bonne qualité, c’est la promotion qui est la difficulté majeure. On a du mal à s’imposer dans les médias. Il faut à tous les coups débourser de l’argent. Et la structuration clanique dans le show-biz au Faso rend encore plus difficile les choses.

 

Comment voyez-vous l’évolution de la musique burkinabè ?

 

J’apprécie favorablement son évolution car depuis un certain temps, nous assistons à de grosses sorties discographiques qui se mesurent à l’international. Le public semble comprendre la musique nationale et l’adopte petit à petit.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Je ne vis pas de mon art ; depuis le déclenchement de la crise sécuritaire, les opportunités sont devenues encore très maigres. Et à cette situation s’ajoute celle du BBDA car je ne sais pas quelle va être la formule pour rémunérer les artistes, j’y perçois en deçà de mes attentes. Je me suis plains mais cela est resté sans suite.

 

Quel est votre quotidien ?

 

C’est la lecture car je suis instituteur de formation. J’anime de temps en temps à la radio, il y a aussi la formation musicale que je suis avec certains doyens. Il y a d’autres activités que j’ai initiées dans l’intention d’avoir une autonomie financière.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur dis merci pour la confiance. Je leur promets de revenir encore plus fort. Et je n’oublie pas d’avoir une pensée spéciale à ceux qui me soutiennent dans l’anonymat, je ne les décevrai pas ni dans mon comportement ni dans mes inspirations.

 

Vous êtes très bien connu dans la région du Nord d’où vous êtes originaire, quelles sont vos stratégies pour une véritable conquête du marché national et international ?

 

Effectivement, je suis de la région du Nord où je travaille et réside. Je suis beaucoup connu au plan local. Pour la conquête du marché national et international, j’ai déposé récemment mes valises à Ouagadougou. Avec ma maison de production, nous allons exploiter les voies propices pour accéder au haut niveau.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?

 

Je vais l’encourager d’ores et déjà dans mes prières et dans mes activités. Je travaille dur pour soutenir mes enfants dans tout projet. Je ne souhaite pas qu’ils vivent les mêmes difficultés que j’ai connues. La musique est un art noble, pourvu que tu aies les moyens financiers.

 

Quel est votre message en tant qu’artiste face à la situation sécuritaire que traverse le Burkina Faso ?

 

Dieu a dit qu’il aime celui qui a raison mais il préfère celui qui pardonne. A tous les Burkinabè, que chacun mette de l’eau dans son vin. Que les hommes se pardonnent mutuellement. J’encourage à soutenir notre Président dans son élan de libération et d’autonomisation du pays.

 

Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur ?

 

C’est de réussir mes prochaines sorties discographiques et de parvenir à mettre en place une structure culturelle d’où sortiront les artistes de haut niveau les années à venir.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je dirai merci à Abdoul Aziz Ouédraogo PDG de 2AO Production pour la confiance placée en moi. Malgré la crise sécuritaire, il a tenu à mettre son argent dans ma production et je pense que cet investissement ne sera pas vain. Je dis merci à ma chérie Christiane Konkobo, à mes vrais amis l’Adjudant Dalouta Zida, Sourgou Souleymane, Moses, Touré, Ouermi et tous ceux qui me soutiennent. Merci spécial à toute votre équipe de la rédaction et que Dieu bénisse le Faso.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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