Humoriste hors pair et actrice de cinéma, c’est par le théâtre que Philo, à l’état civil Philomène Nanéma, fit ses premiers pas en 2006.
Originaire de la ville de Yako dans la province du Passoré, elle a cotoyé plusieurs grandes scènes du monde de l’humour. Dans cette ineterview qu’elle a bien voulu nous accorder dans une atmosphère très détendue, elle nous parle de sa petite enfance à Tiassalé, une ville ivoirienne qui l’a vue grandir, revient sur son parcours, les films dans lesquels elle a joué, nous fait vivre quelques beaux souvenirs et aborde sans détour d’autres sujets assez croustillants, notamment le prochain one woman show qu’elle prépare. Lisez plutôt.
Evasion : Comment allez-vous ?
Philo : Je vais bien.
Vous êtes toujours joyeuse sur les réseaux sociaux et sur les scènes pour donner le sourire à vos millions de fans. Peut-on dire que vous êtes heureuse tous les jours dans votre vie quotidienne ?
Je me demande quel être humain peut être heureux tous les jours. On prend la vie du bon côté. Il faut quand même sourire à la vie, il faut être heureux de se sentir en bonne santé au réveil et d’avoir de quoi manger. Ce n’est déjà pas mal de sourire tout le temps. Tout ne peut pas être rose tous les jours, cela n’est quand même pas possible. Nous avons aussi nos moments de tristesse.
Comment a été votre petite enfance à Tiassalé, une ville ivoirienne qui vous a vu grandir ?
J’étais un peu turbulente et j’aimais être chef. Je rassemblais les enfants du quartier pour des promenades. Quand les parents cherchaient leurs enfants, on disait d’aller voir chez les Philo. On pouvait sortir toute la matinée. Souvent, on me frappait mais le lendemain, je répétais la même chose. Et c’était à l’école primaire. Avec le temps, les choses ont changé, quand je suis arrivée au lycée, même quand on me provoquait, je ne réagissais plus. On mûrit avec l’âge.
Beaucoup de personnes ne savent pas que vous avez été une animatrice à la radio. Quels souvenirs gardez-vous de ce passage à la radio ?
Ce sont de très bons souvenirs avec Issa Sanfo Mermoz qui est aujourd’hui à Savane Fm. J’ai fait la Voix du Passoré. L’aventure a duré presqu’une année. J’animais une émission qui s’appelait « Femme au quotidien », c’est une émission que j’ai réalisée avec un bon contenu. Les auditeurs pouvaient appeler, il y avait un sujet à débattre. C’était à Yako, jusqu’à ce que je vienne à Ouagadougou.
Et pourquoi n’avez-vous pas continué l’animation radio une fois à Ouagadougou ?
(Elle éclate de rire) … A Ouagadougou, j’ai essayé mais je n’ai pas été recrutée. J’ai fait plusieurs tests avec Mister P à Savane Fm mais je n’ai jamais été retenue.
Et qu’est ce qui s’est passé au niveau de la couture puisque vous avez été dans l’art vestimentaire ?
Il fallait que je trouve un moyen pour pouvoir commencer les formations au théâtre, il y avait mon atelier de couture qui m’empêchait cela. Je me suis dit qu’il fallait faire ce que j’aime, et c’est le théâtre. J’ai donc fermé l’atelier et j’ai rangé les machines à la maison.
Votre toute première scène de théâtre remonte à 2006 avec Anatole Koama. Comment s’est faite la rencontre avec ce grand homme des planches ?
Je l’ai connu grâce à Aziz Bamogo que je connais depuis très longtemps, il a fait la présentation et tout de suite, il m’a acceptée dans sa pièce de sensibilisation sur le vote des femmes. Et c’est de là que tout est parti. J’ai commencé les formations à l’Institut français et c’est en 2011 que je me suis inscrite au CITO pour des formations.
« Je vis de ce que je fais, c’est un travail comme tout autre »
Comment s’est opérée votre entrée dans le monde du cinéma ?
J’ai commencé au cinéma avant même de m’inscrire au CITO. Je faisais des castings avec Adama Roamba, j’ai fait sept ans de castings sans jamais avoir été retenue. Et c’est un jour qu’il m’a appelée pour me donner un petit rôle dans « Petit Sergent 2 », c’était un rôle de serveuse dans un bar. J’ai beaucoup aimé parce que c’était la première fois que je jouais dans un film. Et après il m’a rappelée pour « Celibaterium ». Ensuite, j’ai été figurante dans « Trois femmes, un village » puisque quand je suis allée à Jovial Productions, le dépôt des dossiers était clos, après j’ai été appelée pour jouer le rôle de la dolotiere.
Et puis d’autres films ont suivi, comme « Cellule 512 », n’est-ce pas ?
Oui c’était mon dernier long métrage avec Missa Hebié. J’ai travaillé aussi avec Fanta Régina Nacro dans « Permis légal de violer », j’ai travaillé aussi avec Apolline Traoré avec qui j’ai été costumière et actrice pour « Sécurité routière ». J’ai joué dans « Affaires Publiques » et bien d’autres films.
Qu’en est-il de votre aventure au « Parlement du rire » de Mamane ?
C’est après ma toute première apparition en tant qu’humoriste à l’Institut français grâce à Excellence Gerard. Il y a eu un CD qui est sorti et Mamane a vu la vidéo et a manifesté le besoin de m’avoir pour la toute première saison du « Parlement du rire ».
Vivez-vous de l’humour ?
Bien sûr car je ne fais que ça. Je vis de ce que je fais, c’est un travail comme tout autre. Il faut seulement se concentrer et bien le faire.
Entre le théâtre, le cinéma et l’humour, quelle est la discipline où vous vous sentez le plus à l’aise ?
Aujourd’hui, c’est l’humour qui a pris le dessus mais je continue dans le théâtre et le cinéma. J’ai même travaillé dans une comédie musicale « Syndrome de la pintade » de Smockey où j’ai été comédienne avec Bamogo de Gombo.Com ; nous sommes même allés jouer à Limoges à la Francophonie.
« Je vais faire «alloco 3» et passer à un autre sujet car ce n’est pas une série »
Quels souvenirs gardez-vous de votre premier « One woman show » en 2019 ?
Beaucoup de stress et de peur parce que c’était le tout premier spectacle avec les remus ménages sur les réseaux sociaux. Tous les projecteurs du show-biz étaient braqués sur moi, il fallait relever le défi et à la fin, les gens ont aimé. C’était le spectacle « Je vous salue Marie ». C’est une satisfaction morale qui n’a pas de prix.
A quand le prochain spectacle ?
Il y a eu le deuxième spectacle « Epouse-moi » qui a eu lieu à Canal Olympia où j’ai réuni 4 500 personnes. J’ai rejoué ce spectacle à Abidjan à « Drôles de femmes » ainsi qu’au Cameroun. Je suis en train de préparer le prochain « One woman show » et je ne peux pas donner de date pour l’instant. Je sais que le public m’attend et il faut relever le défi.
De toutes vos sorties hors du Burkina Faso, quel est le voyage qui vous a le plus marquée ?
C’est quand j’ai joué à «Drôles de femmes» à Abidjan en 2023 où chacun devrait sortir pour faire son show, il y avait plus de cinq pays et les gens ont bien aimé ma prestation. J’ai aussi fait un stand up au Cameroun où j’ai eu un standing ovation, il y avait beaucoup d’humoristes et à la fin, les gens se sont levés pour m’applaudir. Cela m’a fait chaud au cœur. Il y a beaucoup de choses qui m’ont marquée positivement.
Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans l’humour ?
Je ne peux pas empêcher quelqu’un de faire ce qu’il aime. Je vais l’encourager. C’est vraiment intéressant de faire un métier qu’on adore.
Etes-vous un cœur à prendre ?
(Elle éclate de rire) … Vous voulez prendre mon cœur et comment je vais pouvoir vivre? Je n’aime pas trop parler de ma vie privée.
Pouvez-vous nous parler de cette histoire du petit qui a mangé de l’alloco et poisson à 3000 F CFA et qui a beaucoup tourné sur la toile ?
Ce n’est pas ma première vidéo où j’amène des enfants à jouer de petits rôles dans des vidéos. L’enfant est venu avec son étoile et ça a fait biim sur les réseaux sociaux. Qu’il en profite au maximum, je suis contente. Les gens demandent une suite, je vais faire «alloco 3» et passer à un autre sujet car ce n’est pas une série.
Qu’avez-vous à dire pour conclure ?
Je dis merci à toutes ces personnes qui me soutiennent, qui soutiennent l’humour d’une manière ou d’une autre, qui nous aiment tout simplement parce qu’on leur donne le sourire, parce qu’on leur apporte la joie. Merci de nous le rendre aussi, merci de me le rendre aussi car sans eux, je ne pense pas qu’on aurait assez d’énergie pour faire ces choses extraordinaires. Quand c’est bien, applaudissez, quand ce n’est pas bon, applaudissez aussi. Merci à Evasion.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON