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NABASS, ARTISTE MUSICIEN: « Quand on a des textes poignants, il y a des médias qui refusent de les jouer »

Nabass, à l’état civil Séni Kabré, est un artiste qui n’a pas la langue dans la poche. Il dit très haut ce que certains pensent bas. Vue la virulence des textes de ses chansons, son maxi « Présidents incompétents » avait été censuré dès sa sortie en 2017. Originaire de Yako dans la province du Passoré, ce jeune artiste qui a également une formation en maintenance auto a grandi en république de Côte d’Ivoire d’où est née sa  passion pour le reggae. A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, il nous parle de son parcours, des difficultés liées à sa musique, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

 

Evasion : Comment allez-vous ?

                                                                           

Nabass : je me porte très bien, mes fans pensaient que j’avais disparu de la scène mais je suis bel et bien là. J’ai une formation en maintenance-auto, donc à un certain moment, ce boulot avait pris le dessus sur la carrière musicale. Mais cela n’a pas empêché mes résidences de création et je suis revenu en 2017 avec le maxi « Présidents incompétents ».

 

Comment vous vous-êtes retrouvé dans la chanson ?

 

Cette passion date depuis l’enfance. J’ai été fasciné par les artistes que je suivais à la télé et le déclic est venu dès l’âge de 13 ans. Mais concernant le choix du reggae, c’est un oncle qui aimait écouter ce genre musical et cela m’a beaucoup inspiré.

 

Votre premier album « Dialogue social » sorti en 2012, n’avait-il pas une connotation avec la vie politique burkinabè ?

 

Quand je sortais cette œuvre, il y avait des critiques qui fusaient de partout sur la gouvernance du régime Compaoré et je sentais une cohésion sociale qui se fragilisait. Donc, ce titre est un signe interpellateur du peuple à s’asseoir pour un véritable dialogue social afin d’éviter le pire. Les gens ne m’ont pas écouté alors que le reggae est une musique d’inspiration divine à travers laquelle il y a des révélations.

 

La censure de votre maxi « Présidents incompétents » n’a-t-il as joué en votre défaveur ?

 

Bien sûr que oui, mais les gens n’ont pas compris mon message. Moi, je chante la vie politique d’ici et d’ailleurs. En 2017, à la sortie du maxi, j’ai constaté qu’il y avait des Présidents incompétents dans le clivage politique en Afrique. Les gens ont tout de suite fait allusion à une critique du régime de Roch Kaboré alors que ce n’était pas forcément le cas. C’est une chanson qui n’indexe pas particulièrement un chef d’Etat, je parle de ceux qui sont incompétents, donc suivez mon regard. Je dirai que j’ai été frustré par cette censure car j’ai beaucoup investi dans ce maxi pour un enregistrement en live. Et je profite de l’occasion pour dire merci aux médias qui malgré tout m’ont accompagné en diffusant cette chanson.

 

Avec l’arrivée du nouveau pouvoir sous la bannière du MPSR, pensez-vous vous positionner sur le devant de la scène musicale ?

 

Moi, je ne sors pas des albums pour le Burkina Faso uniquement. J’avais lancé une alerte sur la situation en Guinée avec Alpha Condé. Je suis en train de travailler avec mon staff pour repositionner le titre « Présidents incompétents » dans plusieurs pays d’Afrique, c’est vraiment l’un de mes objectifs principaux. En ce qui concerne le Burkina, je vais relancer la promotion avec un clip et voir la suite. Et je pense pouvoir me repositionner ici dans mon pays.

 

Quel est votre message à l’endroit de vos fans ?

 

Je leur dis merci pour leurs soutiens multiformes et je confirme que je resterai un artiste très engagé surtout dans le social. J’essaie d’apporter ma contribution dans une démarche de la bonne gouvernance. Je demande à tous mes fans de rester à l’écoute car il y a de belles surprises qui sont en cours.

 

N’avez-vous pas peur pour votre sécurité au regard de la virulence de vos textes ?

 

Quand on critique certains comportements, il y a souvent la peur pour sa sécurité mais cela ne doit pas nous arrêter dans notre élan. Il faut tout simplement avancer sous la protection de Dieu.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Pour moi la musique est une passion et la passion vient avant tout autre chose. L’essentiel pour moi est de faire passer des messages qui servent positivement le peuple. J’espère vivre un jour de ma musique.

 

Etes-vous satisfait du bilan de votre carrière ?

 

Oui, je suis satisfait de ma carrière musicale dans la mesure où il y a un certain engouement des populations vis-à-vis de mes chansons.

 

Avez-vous d’autres projets ?

 

Je prépare la sortie du prochain album qui sera d’une certaine maturité, très engagé et qui va encore beaucoup déranger. Si tout se passe bien, ce sera pour 2023.

 

Quelle est la difficulté majeure d’un artiste engagé comme vous ?

 

(Il éclate de rire)… Quand on a des textes poignants, il y a des médias qui refusent de les jouer. Il y a aussi des producteurs et autres partenaires financiers qui ont peur d’investir dans nos œuvres.

 

Pouvez-vous nous parler de votre quotidien ?

 

Toute la journée, je suis au boulot et les soirs sont concentrés sur ma vie d’artiste.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père d’une fille.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

C’est une évolution très positive. On a une nouvelle génération d’artistes qui arrive à se positionner avec des objectifs très précis et avec des staffs visionnaires. Quand je vois des jeunes artistes qui arrivent à faire des clips à coût de millions, c’est de l’audace et j’ai espoir que notre musique ira très loin.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

                                                                              

Je souhaite une heureuse année au peuple burkinabè, une totale restauration de l’intégrité territoriale grâce à l’engagement des nouvelles autorités et le retour de tous les déplacés internes dans leurs différentes localités d’origine. Merci à Evasion pour cette belle fenêtre que vous m’ouvrez.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

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