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MOUSBIL KALAMBANGA, ARTISTE-CHANTEUR: « Quand on veut faire la musique, il faut savoir ce qu’elle va apporter à ton pays »

Transfuge du groupe Kalambanga qui s’est formidablement illustré sur la scène musicale burkinabè en 2006, Mousbil Kalambanga, à l’état civil Moussa Kéré, est un jeune artiste chanteur originaire de la localité de Ningaré dans la région du Centre-Est du Burkina Faso. Précurseur d’un style musical propre à lui qu’il puise dans les rythmes du terroir, ce natif d’une famille de huit jumeaux possède quatre albums et un maxi au compteur.

A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder à l’issue de la sortie de sa cinquième production discographique, l’artiste nous parle de sa passion, des souvenirs qui l’ont marqué dans sa carrière musicale, de ses projets, jette un regard critique sur l’évolution de la musique burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Mousbil Kalambanga : Tout va bien par la grâce de Dieu.

 

D’où vient cette passion pour la musique ?

 

J’ai commencé la musique par la poésie, une passion depuis l’adolescence pour faire plaisir à celle qui te plaisait à l’école. Très tôt, j’écoutais surtout la musique traditionnelle et hindou.

 

Quel bilan faites-vous de votre parcours après quatre albums et un maxi déjà réalisés ?

 

En 2006, j’ai sorti un premier album « Gnin tara liguidi » avec le groupe Kalambanga et aujourd’hui, j’ai cinq productions au compteur toutes autoproduites. Le bilan est positif si bien que ce n’est pas facile pour un artiste de produire lui-même ses œuvres.

 

Peut-on savoir la petite histoire de votre chanson à succès « Maanif zamana » ?

 

J’ai créé cette chanson suite à un évènement malheureux. La mort est inévitable et douloureuse. Et c’est suite au décès du papa d’un ami en 2011 qui s’était très bien occupée de l’éducation de ses enfants que cette inspiration m’est venue lorsque nous étions en route pour l’enterrement. A travers cette chanson, je dis que la vie sur la terre est un passage pour chaque individu qui doit poser des actes positifs et qu’ils soient indélébiles pour la postérité. C’est avec un instrumentiste du doyen Zougnazagmda que j’ai travaillé pour la réaliser et elle a véritablement connu un franc succès. C’est aussi le mystère de la vie.

 

Qu’est-ce qui justifie la dislocation du groupe Kalambanga avec qui vous avez débuté votre carrière professionnelle ?

 

Le projet Kalambanga a été conçu pour figurer sur une compilation qui n’a finalement pas été concrétisée. Mais notre titre « Gnin tara liguidi » s’est vite répandu et a conquis rapidement le cœur des mélomanes. Ensuite, nous avons eu en 2007 un producteur qui n’est autre que le grand frère Aly Verutey. Nous avons colmaté les brèches pour faire un album de six titres qui a fait son bonhomme de chemin. Et mon binôme Lingani Taka avec qui je formais le groupe a décidé d’aller à l’aventure aux USA. C’est ainsi que j’ai débuté ma carrière solo avec le titre « Maniif zamana ».

 

Qu’est-ce qui justifie le choix de votre style musical qui est beaucoup encré dans les rythmes du terroir comparativement aux jeunes artistes qui sont plus tentés par les musiques urbaines ?

 

J’évolue dans le tradimoderne et je me sens bien dans ce registre musical. La musique doit être basée sur une cause nationale. Quand on veut faire la musique, il faut savoir ce qu’elle va apporter à ton pays. Mon souhait, c’est pour qu’un jour, l’on parle de notre musique sur le plan international. Nous avons trop consommé la musique des autres et si ces autres avaient copié la musique d’autres personnes, on n’allait pas les écouter. Nous devons suivre les traces de nos devanciers, transformer notre musique, l’adapter au contexte actuel avec une base des rythmes de nos terroirs.

 

Pensez-vous que la musique burkinabè se porte bien ?

 

La musique burkinabè se porte bien, elle a seulement besoin de soutien. Et ce soutien ne doit pas se limiter au ministère de la Culture ou au BBDA, il doit s’étendre à l’ensemble du peuple burkinabè.

 

De toutes vos tournées, quel souvenir vous a le plus marqué ?

 

Moi, j’ai été deux fois en Côte d’Ivoire en 2011 et 2021. A chaque fois que j’y arrive, je trouve que mes chansons sont diffusées un peu partout. A chacune de mes sorties sur scènes, je voyais comment les Ivoiriens étaient en liesse, c’est très émouvant, ils connaissent vraiment la valeur de la musique et des artistes.

 

Est-ce un choix pour vous de produire vous-même vos albums ?

 

Ce n’est pas forcement un choix, souvent les producteurs préfèrent travailler avec des débutants, je ne sais pas pourquoi c’est ainsi. Moi, je suis ouvert à toute proposition de contrat avec tout producteur. Un artiste, même s’il est un milliardaire, a toujours besoin d’un producteur. Le fait de travailler avec un producteur décharge l’artiste de certaines charges. Je suis prêt à collaborer avec un staff qui a l’amour.

 

Pouvez-vous nous parler de votre maxi qui vient juste de sortir ?

 

Je me suis inspiré de quatre actualités pour le réaliser. Il s’agit de l’insécurité qui frappe tous les secteurs d’activités au Burkina, il y a également la division sociale, un hommage aux douaniers qui sont aussi confrontés à tous les risques du moment et je pense qu’ils méritent une reconnaissance de la part des artistes à travers des chansons, d’où la chanson « Hommage aux Gabelous ».

 

Quels sont vos grands projets ?

 

Le projet en cours est la réalisation du clip de la chanson « Hommage aux Gabelous », ensuite, nous entamerons le tournage du clip « La paix » pour viser le marché international avec le concours des chaînes de télévisions d’ici et celles qui touchent le marché mondial. Actuellement, je suis prêt à aller au-delà des frontières.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

(Il éclaté de rire) … Oui, je vis de ma musique. C’est grâce à elle que j’arrive à m’occuper de ma famille.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur dis infiniment merci à travers le Burkina Faso et les quatre coins du monde. Que Dieu leur donne la force pour qu’ils continuent de me soutenir ainsi que les autres artistes burkinabè.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de deux enfants dont une fille et un garçon.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?

 

Cela ne va pas me déranger. Mais je lui ferai comprendre qu’on peut allier musique et études. A l’école, j’étais toujours parmi les trois premiers, mais j’ai fait l’erreur de mettre les études au second plan.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je vous dis merci ainsi qu’à votre équipe de la rédaction, je compte sur vous pour guider mes pas dans la musique car vous êtes des visionnaires. Je demande toujours la bénédiction de Dieu, des doyens et des devanciers. Je souhaite la paix pour mon pays.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

 

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