A la UneDis-moi tout

MALGUE-NAABA KISTO KOINBRE, VEDETTE DE LA CHANSON TRADITIONNELLE, A PROPOS DE SON MAL DE GORGE: « Actuellement, tout va bien »

Grande voix de la chanson traditionnelle burkinabè, Malgue-Naaba Kisto Koinbré est considéré comme une légende vivante de la scène musicale africaine. 50 ans de carrière avec plus de 36 albums au compteur, des concerts un peu partout à travers l’Afrique, l’Europe et les USA, des distinctions honorifiques, la vedette nous a ouvert les portes de son domicile sis au quartier Toukin de Ouagadougou à travers cette interview.

Il nous fait revivre certains grands souvenirs de sa carrière, jette un regard critique sur l’état de la musique traditionnelle burkinabè et aborde sans détour d’autres sujets, notamment son mal de gorge pour lequel il rassure qu’actuellement,  tout va bien. Lisez plutôt.  

Evasion : comment allez-vous ?

 

Kisto Koinbré : je me porte très bien, Dieu merci.

 

Comment avez-vous accueilli votre intronisation en tant que Chef coutumier ?

 

C’est le Chef de Toukin ici à Ouagadougou, le quartier où j’habite, qui a intronisé des chefs au nombre de douze afin de l’aider dans sa noble mission. Lui il a été nommé par le chef de Sourgoubila.

 

Il paraît qu’un chef ne chante pas ; qu’en est-il pour votre cas ?

 

Moi j’ai eu la chance d’être un chef qui chante depuis 25 ans. Le jour de mon intronisation, j’ai demandé à savoir si je peux chanter en tant que chef. J’ai été fait Malgue-Naaba, celui que le peuple écoute et suit les conseils. Et le supérieur m’a fait savoir que je peux chanter mais bien avant de monter sur la scène, je dois enlever mon chapeau. Dans la tradition, le bonnet rouge que nous portons ne doit pas tomber devant les gens.

 

Après 50 ans de carrière, pensez-vous que la musique traditionnelle burkinabè se porte bien ?

 

Les jeunes artistes commencent à comprendre l’importance de la musique traditionnelle. Après toutes ces années de carrière pour arriver au niveau où je suis actuellement, je peux dire que oui, elle se porte bien.

 

Etes-vous réellement satisfait de ce parcours ?

 

Oui bien sûr. J’ai formé plus de 26 jeunes depuis la création de mon association, certains ont émergé et d’autres, non ; certains sont au Burkina et d’autres à l’extérieur. Moi j’ai fait mes premiers pas auprès du Larlé Naaba Anbga. A nos débuts, il n’y avait pas de gros cachets mais aujourd’hui ça va.      J’ai décroché le 1er prix de la chanson traditionnelle au 50e  anniversaire des Nations unies, cela me pousse à continuer dans ma carrière.                 J’ai ma femme et mes enfants, j’ai construit une maison où je loge avec ma famille, nous mangeons à notre faim, j’ai des véhicules de services et

du personnel. Depuis le début de ma carrière, je suis à ma douzième voiture. Ça ne veut pas dire que j’ai un parc de douze voitures mais celle avec laquelle je roule est la douzième. Nous n’avons pas de salaire comme les fonctionnaires mais nous arrivons à nous stabiliser. Rien qu’hier soir j’étais en concert et je salue tous ceux qui continuent de nous soutenir.

 

Quel est votre secret pour continuer de toujours tenir sur scène ?

 

(Il éclate de rire) … Même hier soir lors de mon concert, tous mes habits étaient trempés de sueur ; malgré mon âge je chante et danse en même temps. J’ai toujours dit aux jeunes : «quand on choisit la musique, il faut l’épouser », il faut aimer la musique comme son épouse, c’est ainsi qu’on atteint une certaine notoriété. Moi je n’ai pas de secret. Il faut tout simplement suivre les consignes de son médecin que ce soit au niveau de la nourriture, du temps de repos et autres règles d’hygiène de vie.

 

Vous devriez être opéré de la gorge, quelle a été la suite ?

 

« J’ai finalisé un album-coffret et il me faut un soutien financier pour le lancement »

 

Il y a des gens qui m’ont dit que c’est une intervention à risque, que ça peut marcher ou pas comme le cas d’une artiste dont je préfère taire le nom. Finalement, je n’ai pas pris le risque de faire cette opération au niveau de ma gorge. Actuellement, tout va bien.

 

Quels sont les grands souvenirs qui vous ont le plus marqué ?

 

C’est vrai j’ai beaucoup voyagé ; on peut citer par exemple le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, le Kenya, la Guinée …, la liste est longue. De toutes ces sorties, j’ai été marqué par mon premier voyage en France, j’étais tellement content et c’était ma première fois de prendre l’avion. Et aussi mon premier spectacle aux USA pour le FONY de Gérard Koala en 2017. Je profite dire merci à Gérard. La veille du départ je suis tombé malade et c’est le jour du vol qu’on m’a retiré la perfusion. Je me suis dis que c’est Dieu qui m’a choisi. J’ai partagé la même scène avec Wango Roger et Cissé Abdoulaye. Ma prestation a émerveillé les milliers de festivaliers et ils disent que c’était la première fois qu’ils voyaient une telle performance.

 

Etes-vous satisfait de l’organisation des festivités de vos 50 ans de carrière qui ont eu lieu en 2023 ?

 

Vous avez tous été témoins, je remercie tous ceux qui m’ont soutenu d’une manière ou d’une autre. Je dis un grand merci au Moogho Naaba Baongho qui a été l’élément catalyseur de cette célébration. Je dis merci au Larlé Naaba, à tous les cinq Diima, à tous les chefs coutumiers. Tout s’est bien passé dans l’ensemble et je crois que c’est l’essentiel. La cour du SIAO a refusé du monde. Je remercie la Télévision nationale, Sidnaaba, Valérie Kaboré et l’ensemble de la presse.

 

A quand le prochain album ?

 

(Il éclate de rire) … Vous avez bien fait de poser cette question. J’ai finalisé un album-coffret et il me faut un soutien financier pour le lancement. Vous-même vous savez que je fais les choses de façon grandiose. Il y a une nouvelle chanson « Karga karga » qui passe sur la radio, c’est un titre du nouvel opus.

 

Peut-on savoir quel rang ce nouvel album occupe dans votre carrière ?

 

Je n’ai pas le nombre exact en tête, j’ai plus de 36 albums.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je suis très heureux pour la visite à mon domicile pour cette interview, c’est une marque de considération, c’est Dieu qui va vous bénir. Je demande un coup de main à tous ceux qui peuvent m’aider afin que je puisse faire la dédicace de mon nouvel album. Merci à Evasion.

 

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

Articles similaires

MAKAMSSA YAGO, ARTISTE PEINTRE ET CHANTEUSE: « La peinture a pris plus de place dans ma vie »

Evasion Magazine

EMMANUEL KUELA, artiste-musicien « Il nous faut une véritable identité musicale »

Evasion Magazine

BOUBAKAR OUEDRAOGO dit OB STYLE (Styliste- modéliste):« On peut rester à Bobo et s’offrir une carrière internationale »

Evasion Magazine

laisser un Commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.