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LA STAR DE LA SEMAINE AUGUSTA PALENFO, ACTRICE-REALISATRICE-PROMOTRICE CULTURELLE

Du théâtre au cinéma, Augusta Palenfo s’illustre aujourd’hui comme une jeune réalisatrice prédestinée à une carrière prometteuse. Ayant débuté au théâtre en tant que comédienne dans plusieurs compagnies comme Marbayassa, le CITO, elle se retrouve en tant qu’actrice dans la série Sita avant de briller de mille feux dans d’autres séries comme INA de Valérie Kaboré et dans des longs métrages comme SIRA d’Apolline Traoré.

Promotrice du Festival international du rire et de l’humour de Ouagadougou (FIRHO), elle s’est ouverte à nous à travers cette interview.

Augusta Palenfo nous parle de son tout dernier film en date Waongo qui a déjà raflé trois prix, retrace son parcours, jette un regard critique sur l’évolution du cinéma burkinabè, dresse un bilan de son festival et aborde sans détour d’autres sujets assez croustillants. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Augusta Palenfo : Je vais bien.

 

Le début dans les arts a-t-il été facile pour vous face aux parents ?

 

Il y a 25 ans de cela, ce métier était méconnu et surtout pas bien vu aux yeux des gens et ceux qui le pratiquaient étaient plus des hommes. Ma maman n’était pas du tout partante au début car on lui avait dit que c’était un milieu de la prostitution, des ratés de la société. Mais après avoir forcé et lui montrer au fil du temps que ce n’était pas le cas, j’ai eu raison sur ce qu’on racontait. Aujourd’hui, ma famille est fière de moi et me soutient.

 

Quels souvenirs gardez-vous de votre tout premier prix remporté dans la catégorie humour ?

 

Une grande joie, immense et qui reste gravée jusqu’aujourd’hui. Et internet nous rappelle de temps en temps et nous fait vivre ces souvenirs. En tout cas, je dis encore merci à mon metteur en scène Kaboré Patrick et celui avec qui j’avais joué, Moussa Petit Sergent.

 

Pour avoir tourné dans plusieurs compagnies, quels enseignements tirez-vous de cette expérience ?

 

Je trouve enrichissant de travailler avec plusieurs responsables professionnels car chacun a sa manière de travailler, d’enseigner et de donner un peu de son savoir. Et ce n’est pas du tout regrettable. Et je profite de l’occasion pour dire merci à toutes ces personnes qui ont partagé leur savoir avec moi, que ce soient ceux qui sont vivants ou pas comme Hubert Kagambèga qui n’est plus, paix à son âme.

 

Du théâtre au cinéma, comment vous vous êtes retrouvée dans le film Sita ?

 

Etant à la compagnie Marbayassa, j’ai appris qu’il y avait un casting à la RTB pour une série. J’ai participé et je pourrais dire que j’ai eu plus de chance que les autres d’être prise pour interpréter, le rôle de la copine de Sita.  Du théâtre au cinéma, c’est juste un pas.  Cette décision m’a été bénéfique et m’a ouvert d’autres portes sur des plateaux de tournage. C’était une première expérience aux côtés de feu Missa Hebié et j’ai bien aimé jouer dans cette série.

 

Pourquoi avoir décidé de vous engager dans la réalisation ?

 

J’ai eu à demander à deux doyens de m’aider à réaliser un projet qui me tenait à cœur et que j’avais vécu directement ou indirectement dans ma vie. Je trouvais la nécessité de sensibiliser par cette histoire touchant les Africains car cela nous concerne plus et j’ai dû attendre deux à trois ans sans suite. Peut-être parce qu’ils étaient occupés ou pas intéressés. Comme j’étais vraiment convaincue de ce projet, j’ai décidé avec d’autres professionnels du métier qui ont eu confiance en moi, on l’a fait ensemble. Je peux citer Sévérin Kabré, Abdoulaye Tapsoba et Thomas Ouédraogo. Je ne regrette pas cette première expérience qui a été vue au FESPACO 2017 en panorama et c’était une joie immense. Ensuite, il a été projeté dans les salles et les cinéphiles ont aimé et apprécié à sa juste valeur. Et c’est comme ça que je suis restée dans la réalisation.

 

 

 

Quelle est la difficulté majeure d’une jeune réalisatrice comme vous ?

 

La première difficulté majeure d’une jeune réalisatrice est le manque de confiance des autres envers toi et cela met le doute dans la tête de cette personne si elle n’est pas forte d’esprit. Et ce qui est pire, c’est le manque de financement étant donné qu’elle n’est pas connue. Mais il faut bien tenir et continuer à chercher plus de connaissances et surtout à côtoyer les doyens afin d’apprendre plus d’eux et recevoir des conseils.

 

Votre dernier film en date est « Waongo » qui a été sélectionné au FESPACO 2025. Quel bilan tirez- vous de cette aventure ?

 

Ah oui, Waongo, c’est la plus belle expérience que j’ai aimée depuis ma jeune carrière en tant que réalisatrice. J’ai plus écouté, observé, partagé et je savais depuis le début ce que je voulais faire et j’ai encore eu des collaborateurs professionnels sympas. J’ai eu du plaisir à travailler avec eux et suivre toutes les étapes de la réalisation du film du début jusqu’à la fin et cela m’a pris trois ans. En ce moment, nous avons eu trois prix pour ce film. Le premier trophée aux Sotigui Awards 2024 dans la catégorie Meilleur espoir africain. Le deuxième trophée est le prix de la Meilleure interprétation féminine à « Bangui fait son cinéma » en fin 2024 et en sélection officielle au FESPACO 2025 avec le prix ACHR. Je suis comblée. Je traduis mes remerciements à toute cette belle équipe, mes doyens qui ont eu du temps pour moi, il s’agit de Boubacar Diallo, Apolline Traoré, Abdoulaye Dao, Mamouna Nikiema, Soma Ardjouma, ancien SG du FESPACO, Oguste Koutou, Sanou Kolo et tous ceux que j’ai dû oublier.

 

En tant qu’actrice, c’est dans quel film avez-vous signé votre plus gros cachet ?

 

En ce qui concerne les séries, c’était la série INA de Valérie Kaboré. Pour les longs métrages, c’est avec SIRA d’Apolline Traoré.

 

A combien étaient évalués ces cachets ?

 

(Elle éclate de rire) … Ce qui est des montants, désolée, je garderai cela pour moi.

 

Quel est votre regard sur l’évolution du cinéma burkinabè ?

 

Après avoir vu les films burkinabè au FESPACO, vraiment je trouve qu’il y avait de belles œuvres. Et cela veut dire qu’il y a une belle évolution du cinéma burkinabè. Tant qu’il y a de l’argent à réaliser, attendez-vous à de belles et toutes belles histoires cinématographiques.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Oui bien sûr.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans le cinéma ?

 

De la même manière que je cherche à ce qu’on respecte mes choix, c’est de cette manière que je vais respecter le choix des autres, donc de mes enfants. Je vais lui prodiguer des conseils qui pourraient le protéger et l’emmener à mieux exercer le métier plus que moi.

 

Vous avez créé le FIRHO. Quel bilan faites-vous de ce festival de l’humour et du rire et quels sont les perspectives ?

 

Le bilan du Festival international du rire et de l’humour de Ouagadougou est satisfaisant, pas forcément par rapport à moi mais à tout le milieu humoristique. C’est le premier festival d’humour dans la sous-région et aujourd’hui au moins une dizaine de festivals au Burkina Faso et une vingtaine dans la sous-région ont vu le jour. Nous avons une cinquantaine d’humoristes au Burkina, comment ne pas être satisfaite.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je voudrais dire un grand merci à tous mes fans pour tout le soutien. Je n’ai pas cette prétention d’être aimée par tout le monde mais moi j’aime tout le monde.

 

Quel est votre mot de la fin ?

 

Mon dernier mot va à l’endroit du  Burkina Faso en particulier et à l’AES de façon générale. Que la paix et la sécurité reviennent pour toujours dans ces pays qui veulent être indépendants pour toujours. Je souhaite que nous brillions de plus en plus. Merci à mes partenaires, à ma famille et à toute l’équipe de votre magazine. Vive la culture et l’art.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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