Du 8 au 11 octobre 2024 ont eu lieu à Moscou, les journées économiques du Burkina Faso. C’est le gotha des opérateurs économiques et des entreprises burkinabè, conduit par le Premier ministre, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambèla, qui s’est donné, à l’occasion, rendez-vous dans la capitale russe avec pour objectif principal de promouvoir les activités économiques et commerciales en mettant en avant les potentialités du Burkina, tout en offrant aux hommes d’affaires des deux pays, l’opportunité de négocier des accords de partenariat. Faut-il le rappeler, après avoir éconduit son partenaire historique, la France soupçonnée de ne pas jouer franc jeu, le Burkina Faso, dans la dynamique de diversification de ses partenaires, s’est retourné vers la Russie qui, à ses yeux, constitue un allié stratégique dans la guerre que le pays mène contre les groupes terroristes qui écument la bande sahélo-saharienne. Quoi donc de plus normal que pour soutenir la guerre, les deux pays tentent de construire une économie de guerre qui réponde à leurs intérêts respectifs.
En attendant le bilan de cette première édition qui ne devrait pas manquer d’en appeler d’autres, l’on peut déjà saluer cette initiative qui, non seulement, ouvre de nouveaux horizons aux acteurs économiques des deux pays, mais permet aussi de corriger l’image à faire de la Russie, un simple marchand d’armes mondial qui se repait du sang des pays en guerre.
Il faut nécessairement régler la question de la libre circulation des biens et des personnes
Plus stratégiquement pour le Burkina Faso qui frappe à la porte des BRICS, ces journées de promotion économique constituent un tremplin pour aller vers ce nouveau regroupement qui vise un nouvel ordre économique mondial qui répond plus à la vision des autorités burkinabè. Moscou est donc l’antichambre d’un nouveau marché mondial pour le Burkina Faso qui entend prendre la place qu’il faut sur l’échiquier des échanges mondiaux pour jouir pleinement de ses richesses. Il reste donc à espérer que ces journées aient donc permis aux opérateurs économiques des deux pays, d’identifier des projets concrets, de nouer des échanges et de partager des expériences mutuellement enrichissantes pour que dans un proche avenir, s’ouvre une nouvelle ère de prospérité économique.
Cela dit, au-delà de ces journées dont l’importance n’est donc plus à démontrer, l’on peut espérer que les autorités des deux pays créent les conditions structurelles pour fluidifier les échanges économiques. Au nombre de ces conditions, il faut nécessairement régler la question de la libre circulation des biens et des personnes à travers la suppression par exemple du visa entre les deux pays et l’instauration de tarifs douaniers préférentiels. Il faut aussi assurer une meilleure desserte aérienne des deux pays à travers l’ouverture de voies aériennes régulières. Il faut enfin et surtout faire accompagner la nouvelle dynamique par les services bancaires. Et il faut le dire, cette dernière condition n’est pas des plus faciles à satisfaire en raison des sanctions économiques imposées par le monde occidental à la Russie en raison de la guerre qu’elle mène en Ukraine. Mais ce n’est pas non plus la mer à boire en raison des réformes audacieuses que le Burkina mène pour donner une dynamique nouvelle à son secteur économique. Enfin, la dernière condition structurelle à créer par le Burkina Faso et son nouveau partenaire, est d’assurer le transfert technologique. L’on le sait, la Russie jouit d’une grande expertise technologique mais les relations avec le Burkina Faso auraient un goût d’inachevé si ce dernier ne devait jouer que le rôle de fournisseur de matières premières et de débouchés pour les produits manufacturés russes. C’est donc cela qu’il faut éviter à tout prix pour, non seulement, assurer la souveraineté qui nous est si chère, mais aussi pour que le Burkina Faso imprime sa propre dynamique à sa marche vers l’horizon du progrès et du bonheur.
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