Originaire de la localité de Gandiogo près de Koupèla dans le Centre-Est du Burkina Faso, Gomwend, à l’état civil Clément Wend-Gomdé, est né à Ouagadougou où il a grandi. Très tôt, bercé par les rythmes hip hop des formations comme Bisso Na Bisso, MAM et bien d’autres, le choix pour le rap sera vite fait. Considéré comme un véritable espoir du rap burkinabè, ce transfuge des formations Syndikat et Black Yelboundi est titulaire d’une Maîtrise en droit.
A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, le jeune rappeur nous parle de sa passion, de son quotidien, de sa rencontre avec Maël Productions, nous fait revivre certains souvenirs de ses débuts dans la musique, décortique son nouvel album « Délivrance », jette un regard critique sur le rap burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.
Evasion : Comment allez-vous ?
Gomwend : Je vais très bien.
D’où vient cette passion pour la musique ?
C’est du côté familial, j’ai un oncle qui faisait la musique et on me dit que j’ai hérité cela de lui. La musique est dans mon sang et elle ne m’a pas empêché de poursuivre mes études.
Est-ce le fait d’avoir été influencé par les MAM, Bisso Na Bisso ou MC Solar qui a guidé votre choix sur le rap ?
A l’époque, on n’avait pas cette occasion d’écouter la radio. C’est quand on partait dans des cérémonies comme les baptêmes ou mariages qu’on écoutait ces musiques dans les années 96. Je dirai que c’est ce qui m’a inspiré et guidé mon choix vers le rap.
Quels souvenirs gardez-vous des formations Syndikat et Black Yelboundi dont vous êtes un transfuge ?
Avec Yelboundi, j’étais déjà à l’université en faculté de droit. Je profite saluer mes partenaires de ces différents groupes. Ce sont de beaux souvenirs de cette époque qui marque le début de ma carrière musicale. Ça n’a pas été facile, on a tenu le coup et cela a payé aujourd’hui.
Est-ce qu’il vous arrive souvent de repartir au bord du canal pour revivre ces vieux souvenirs ?
(Il éclate de rire) … Oui bien sûr, il y a des moments dans la vie d’un homme qu’on ne peut jamais oublier. Et on ne peut jamais oublier les vieux amis.
Titulaire d’une Maîtrise en droit, avez-vous rangé votre diplôme au profit du rap ?
Non, je n’ai pas rangé mon diplôme dans les valises. Je travaille actuellement dans une entreprise privée en tant que directeur des ressources humaines.
Quel bilan faites-vous de votre carrière musicale ?
Il y a eu plusieurs tournées à travers tout le Burkina Faso grâce aux soutiens de mécènes avant que je ne rencontre mon actuelle structure de production qui est Maël Productions. L’essentiel a été fait pour la conquête d’un grand public. Il y a eu des rencontres et des collaborations, donc c’est un bilan assez positif.
Comment s’est faite la rencontre avec Maël Productions ?
Cette structure a changé positivement ma carrière. Je profite saluer Issiaka Rouamba qui m’a invité au festival Festang. C’est à la suite de ma prestation sur scène que les choses sont allées de façon naturelle.
Quels sont vos grands projets ?
Nous prévoyons de grands concerts pour le bonheur de mes fans dans plusieurs villes avant le bouquet final à Ouagadougou. Il y a également des projets en cours pour le marché international.
Pouvez-vous nous parler de votre nouvel album « Délivrance » ?
Ce titre éponyme m’a été proposé et je l’ai trouvé juste car cet opus est une véritable délivrance de mon parcours artistique. C’est une œuvre de douze titres dont un intro avec des thèmes variés qui relatent des faits de notre vécu quotidien.
Pourquoi choisissez-vous le plus souvent des thèmes qui choquent ?
Ça c’est le jugement des gens. On ne peut pas plaire à tout le monde.
Quelle est la petite histoire de votre chanson à polémique « Lobé lobé » ?
C’est souvent le regard de la société sur certains faits. Et les gens l’ont interprété autrement. Et c’est l’une des chansons préférées de mes fans.
Qu’avez-vous à dire à vos fans ?
Je leur dis merci pour leurs soutiens indéfectibles.
Quelle est votre regard sur l’évolution du rap burkinabè ?
Le rap burkinabè a besoin d’être révolutionné et je pense que je vais le faire.
Vivez-vous de votre art ?
On ne sait pas de quoi on vit mais je pense que la musique m’apporte beaucoup.
Peut-on savoir votre quotidien ?
Le matin, je vais au bureau et le soir, je m’occupe de ma musique. J’ai des patrons qui me comprennent et c’est le plus important.
Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?
Bon vent à lui. Nos parents nous ont imposé certains chemins à suivre et plus tard ils ont reconnu cette erreur. Il y a des enfants qui voulaient jouer au football et les parents se sont opposés. Aujourd’hui, c’est le rêve de tout parent de voir son fils jouer au football. Moi, je vais l’encourager.
Quelle est votre situation matrimoniale ?
(Il éclate de rire) … Je suis célibataire sans enfant si vous le voulez.
Qu’avez-vous à dire pour conclure ?
Je demande aux gens d’aimer leur pays et ne pas se laisser influencer par le matériel. Merci au magazine Evasion pour cet accompagnement de la culture et des arts du Burkina Faso et d’Afrique. Merci à Maël Productions pour la confiance.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON