Freeman Tapily, à l’état civil Idrissa Sawadogo, est un jeune reggae maker burkinabè originaire du Nord du Burkina Faso. Auteur de trois singles dont « Incivisme », le plus célèbre « Zém zém » et le tout dernier en date « N’na lara an sara », il s’est fait une certaine notoriété à travers le Burkina et le reste du monde. A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder à quelques jours de son concert du 25 mai prochain au Cenasa qu’il a baptisé « L’appel de Freeman », l’artiste nous parle de son engagement dans l’humanitaire, du bilan de sa jeune carrière, de son quotidien, aborde sans détour d’autres sujets très croustillants et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.
Evasion: comment allez-vous?
Freeman Tapily : je vais super bien.
Que devient l’artiste ?
Je suis là, je tourne beaucoup pour les scènes live à travers plusieurs pays dans le monde. Les disques ne se vendent plus comme par le passé, voilà pourquoi on maximise sur les concerts afin de faire plaisir au public.
Etes-vous satisfait de votre parcours ?
Oui je suis satisfait car je me suis fait une place dans le monde du show-biz dans mon pays ainsi qu’hors de nos frontières.
Vous êtes régulièrement entre deux avions. Quel est votre secret en tant qu’un jeune artiste ?
Je n’ai pas de secret, j’ai composé des chansons qui plaisent à certains promoteurs tout simplement.
Vous êtes aussi présent dans le milieu carcéral avec votre projet « Un vent de liberté » ; d’où vient cet engagement dans l’humanitaire ?
C’est un fardeau que je porte depuis mon plus jeune âge. C’est de trouver des solutions à des personnes qui souffrent tout simplement parce qu’elles ont faim alors que juste à côté, il y a des gens qui jettent de la nourriture dans les poubelles. Il faut que je récupère cette nourriture pour ceux qui en ont besoin. C’est la même chose que quand une personne marche pieds nus, je lui trouve des chaussures. Je ne suis qu’un pont, c’est la société toute entière qui doit témoigner sa solidarité envers les plus nécessiteux.
C’est la même action que je mène dans les maisons d’arrêt à travers tout le pays.
Etes-vous un révolté ?
Non pas du tout. Je cherche toujours à comprendre l’autre avant de me révolter. Je ne sors pas vite les griffes. Je peux être remonté contre certaines situations qui me perturbent. Si je prends le cas de la mine de Perkoa où des travailleurs sont bloqués pendant plus d’un mois et qu’en haut ça ne bouge pas, ça pousse à la révolte. Je crois que si on se mettait ensemble, en trois jours, on aurait fini avec ce drame.
Pensez-vous que nos dirigeants jouent à la sourde oreille malgré vos chansons qui interpellent ?
Ce n’est pas forcément la faute à nos dirigeants. Quelqu’un peut être de bonne foi mais être sur le mauvais chemin. Il faut avoir le courage pour faire le bon diagnostic. Nous devons être tous d’accord sur quelque chose de fondamentale. Au lieu d’être d’accord sur un projet de developpement, c’est la constitution qui les intéresse. Ceux qui sont au pouvoir, ce sont les mêmes qui nous ont enseignés à l’université.
Vivez-vous de votre art ?
Oui, je vis de mon art directement ou indirectement. Vivre directement de son art, ce sont les cachets qu’on perçoit pour les concerts. Et indirectement c’est monnayer la petite notoriété que nous donne notre art.
Quel est votre quotidien ?
Mon quotidien dépend des périodes. Le téléphone est devenu comme le bureau, il y a certaines choses qu’on peut donc gérer à distance. Il y a les séances de studio, de répétition, de résidence, de créations et j’interviens également dans des activités culturelles.
Depuis plusieurs semaines, les réseaux sociaux sont bondés d’un message qui est « L’appel de Freeman », de quoi est-il question ?
« L’appel de Freeman » est un concert prestigieux qu’on veut faire au Cenasa pour donner une autre image du reggae man. Ce sera un rendez-vous de son et de lumière avec une mise en scène impeccable. C’est le concert de Freeman Tapily en live. C’est pour ce mercredi 25 mai à 20h.
Pourquoi avoir fixé le prix d’entrée à 4995 francs ?
(Il éclate de rire)… Oui c’est effectivement le prix d’entrée. Pour celui qui donne 5 mille francs, on lui remet la monnaie de 5 francs. Les gens se demandent comment j’aurai ces pièces de 5 francs. Il n’y aura pas de soucis. Les pièces de 5 francs sont prêtes. C’est une manière pour moi de redonner quelque chose à tous ceux qui effectueront le déplacement. Les 5 francs que nous remettons représentent la racine de leur argent.
Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?
Je suis marié et père de trois enfants.
Que feriez-vous si l’un de vos enfants décide de suivre vos pas dans la musique ?
Ça c’est la liberté mais que cette décision intervienne au moment de l’âge mature.
Qu’avez-vous à dire pour conclure ?
Aujourd’hui le Burkina Faso a des problèmes, presque chaque famille a connu le deuil dû à la crise sécuritaire. Nous devons nous mettre ensemble pour combattre le terrorisme. Je demande la grandeur d’esprit à nos dirigeants. Nous avons tous une part de responsabilité dans cette crise. Merci à toute l’équipe d’Evasion ainsi qu’à son fondateur.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON