Pionnier du coupé- décalé, à l’image de Molare, Jean Jacque Kouamé, Borosandji, Lino Versace et feu Douk Saga, Dj Jeff Le Massa est une voix de la musique ivoirienne qui a fait le tour de l’Afrique. Depuis quelques années, il vit entre Ouagadougou et Abidjan.
A l’occasion de la sortie de son nouveau single « On dit pas » qui marque son grand retour sur la scène musicale, nous l’avons rencontré pour vous. A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’artiste nous parle de son prochain album, décortique l’évolution et la métamorphose du coupé-décalé. Il réaffirme sa détermination à poursuivre sa carrière car, il est loin d’être à court d’inspiration, comme certains le pensent. Lisez plutôt.
Evasion : Comment allez-vous ?
Dj Jeff Le Massa : Dieu merci, je vais bien
Ces dernières années, vous évoluez de singles en singles, qu’est-ce qui peut justifier cela ?
Les singles sortis, c’était pour exister, pour rappeler à chaque fois que je suis là et que je n’ai pas oublié mes fans, surtout pour dire que je suis en train de travailler.
A quand la sortie d’un album pour marquer le vrai retour sur la scène ?
Désormais, c’est le vrai retour parce que j’ai décidé de revenir sur la scène. Voilà pourquoi j’ai déposé définitivement le micro et les platines des boîtes de nuit pour me consacrer uniquement à ma carrière musicale. Et pour cela, je marque le ton avec un nouveau single baptisé « On dit pas ». Il y a un autre qui va suivre dans deux mois qui va s’appeler « La Go ». Il y aura en tout trois singles et avant la fin de cette année, nous allons sortir l’album.
Votre nouveau single « On dit pas » nous ramène dans les années 1980 avec un clin d’œil à Ernesto Djédjé. D’où vient cette inspiration ?
Nous sommes nés, avons grandi et trouvé cette grosse star de la musique ivoirienne qui malheureusement est décédée au moment où on apprenait à la connaître. Mais la musique d’Ernesto Djédjé a bercé notre adolescence et notre jeunesse. Et pour lui rendre un hommage, j’ai voulu façonner et faire un mélange avec du coupé-décalé pour voir ce que ça peut donner.
Quelle va être la stratégie pour une véritable reconquête du public burkinabè ?
Je suis en autoproduction, il n’y a pas de budget pour la promotion, nous allons faire avec les moyens du bord. Nous allons commencer petit à petit et avec l’aide de Dieu et de bonnes volontés comme vous, nous allons avancer. Avec mon staff, nous avons démarré les tournées show-cases. Nous allons donc vers le public pour dire que Dj Jeff est vraiment de retour sur la scène musicale. Nous ferons le tour jusqu’en mi-juin avant d’aller à Abidjan pour le tour des médias.
Quelle est la petite histoire du prochain single « La Go » ?
(Il éclate de rire) … Cette chanson parle de ma femme. Tout ce que les gens ont pu dire dès le départ de notre relation. Des gens qui n’ont pas voulu qu’on se marie. Il y a eu beaucoup de bruits, il y a eu une séparation mais vous savez que lorsque deux personnes s’aiment sincèrement, rien ne peut les séparer. Nous nous sommes retrouvés des années plus tard et voilà.
Vous êtes rentré dans l’histoire de la musique ivoirienne pour avoir été l’un des piliers du coupé- décalé, est-ce une chance, une charge ou un défi ?
Une très belle et pointue question. D’abord, je dirai que c’est une chance, ensuite, un défi. Une chance parce que, par la grâce de Dieu, je reçois chaque jour des messages de mélomanes ivoiriens et de partout en Afrique ; cela est une grâce et une chance. En ce qui concerne le défi, pour avoir été l’un des meilleurs chanteurs de coupé-décalé de Côte d’Ivoire, il est primordial de revenir avec des chansons bien conçues, sinon cela ne sera pas bien pour mon image.
Le coupé-décalé s’est beaucoup métamorphosé au fil des années. Quelle est votre appréciation à ce sujet ?
Je trouve que c’est positif, c’est comme toutes les musiques. Même le zouglou à l’image des « Parents du Campus » s’est métamorphosé. Avec l’évolution, d’autres rythmes comme le Gnapka, le Youssoumba… Dj Arafat a apporté sa couleur à lui. Aujourd’hui, la nouvelle génération a envoyé un autre style qu’on appelle le Biama. Je ne m’interdis pas de faire ce Biama mais, je reviens avec mon coupé- décalé habituel car il manque à beaucoup de personnes. On verra bien si on peut faire un mélange pour toucher un autre public.
Qu’avez-vous à dire à vos fans ?
Je voudrais m’excuser auprès d’eux pour tout ce temps perdu. A chacun de juger car certains m’ont pris pour mort et d’autres m’ont taxé d’être à court d’inspiration. Je leur dis que je suis de retour avec bientôt un album de dix titres.
Quels sont vos rapports avec les leaders de la Jet 7 et la Jet 8, à l’image de Molare, Borosandji, Lino Versace, Jean Jacques Kouamé avec qui vous êtes les pionniers du couper-décaler ?
Les rapports sont restés pareils. Ça fait un bout de temps que je n’ai pas été en contact avec Lino Versace et Borosandji. Mais je suis en contact permanant avec Molare. Jour et nuit, on s’écrit. J’aurais l’occasion de les voir bientôt à Abidjan. Je profite de l’occasion pour rendre un vibrant hommage à Douk Saga.
Qu’avez-vous à dire pour conclure ?
Que Dieu protège le Burkina Faso et nous ramène la paix. Que Dieu touche nos cœurs afin qu’on soit tous unis. Merci au magazine Evasion.
Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON