Depuis 2021, l’Etat burkinabè a entrepris une politique linguistique qui vise à sauvegarder les langues nationales et à protéger les minorités linguistiques. Une politique qui a abouti, en décembre 2023, à l’officialisation de langues nationales. Si l’initiative est à saluer au regard de son importance dans la promotion des langues nationales, le constat est que plusieurs enfants ont tendance à abandonner leurs langues maternelles au profit des langues importées. En effet, bien des couples privilégient le français à leur langue maternelle. Une situation inquiétante qui gagne, malheureusement, du terrain. Pourtant, le Burkina Faso compte une soixantaine de langues. Certaines sont menacées de disparition si ce n’est déjà fait. Pourquoi en est-on arrivé là ? La question reste posée. Certes, on sait que dans certains couples, l’homme et la femme ne sont pas issus de la même communauté. Mais cela ne devrait pas empêcher les enfants de parler au moins une des langues de leurs parents. Malheureusement, il faut le reconnaître, certains parents eux-mêmes ne parlent pas leur langue maternelle. Difficile dans ces conditions de l’apprendre à leur progéniture. Même si tel était le cas, cela n’enlèverait rien à la part de responsabilités des parents. Surtout quand on sait qu’il y a des couples où l’homme et la femme, bien que issus de la même communauté, choisissent de ne pas parler leur langue.
Il est temps que l’on change de paradigme si l’on ne veut pas laisser mourir nos langues maternelles
Ils privilégient le français ou l’anglais ou tout autre langue que la leur. Ce sont des cas qu’il faut malheureusement déplorer. En fait, il faut le dire, le retour aux sources constitue l’une des meilleures voies pour les enfants pour apprendre leurs langues maternelles. Il y a un âge pour ça, où l’enfant apprend très vite. Et il y a un endroit idéal : le village à l’occasion des vacances. Malheureusement, tel n’est pas le cas pour beaucoup d’enfants qu’on refuse d’emmener au village. Si fait que pendant les vacances, ils passent plus de temps devant la télévision et autres moyens de distractions, notamment les jeux-vidéos. En tout cas, il est temps que l’on change de paradigme si l’on ne veut pas laisser mourir nos langues maternelles. Cela est d’autant plus vrai au regard des multiples conséquences que sont notamment la perte de certaines valeurs et l’acculturation. Plus grave, certains couples pensent, à tort ou à raison, que parler leurs langues maternelles, enlève aux enfants, leur niveau de langue et d’expression. Bien au contraire, elles renforcent les connaissances culturelles. En tout état de cause, être polyglotte est une grande richesse et tout le monde le sait.
DFZ
ENCADRE
Les minorités linguistiques en danger
Au Burkina Faso, plusieurs langues locales sont en voie de disparition, menacées par l’influence croissante de langues comme le mooré, le dioula et le français, ainsi que par des facteurs socioculturels. Parmi ces langues en danger, on trouve Le blé, le silanké, le tiéfo, le wara, le sissala, le kurunfé ou (fulga), le kaansa, le nakioro.