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PAY’O, ARTISTE-MUSICIEN: « Il m’arrive d’aller même au cimetière pour finaliser certaines chansons»

Pay’O, à l’état civil Francis Ouidiga, est un jeune artiste-musicien né au quartier Kalgodin de Ouagadougou. Originaire d’une famille d’humoristes du Centre-Est du Burkina Faso, plus précisément de la localité de Godin à quelques encablures de Tenkodogo, il est fasciné par la musique depuis la tendre enfance. Ayant commencé par le hip hop, il vire dans le registre de fusion des musiques modernes et traditionnelles. Frère cadet du célèbre comédien GSK, il fut révélé au grand public en 2018 grâce à son premier single « Singd nèré ».

Depuis le 30 octobre 2021, date de sortie de son premier album, il représente l’un des fers de lance de la musique burkinabè. A travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’artiste nous parle de sa passion pour la musique, de ses projets, révèle les difficultés rencontrées, jette un regard sur l’évolution de la musique burkinabè, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

 

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Pay’O : Je vais super bien dès lors que j’ai la santé.

 

Né d’une famille d’humoristes, comment est venu le choix pour la chanson ?

L’humour est inné en nous. En témoigne mon grand frère GSK qui s’est fait une place d’honneur dans le milieu du cinéma au Burkina et en Afrique. Mais la musique est en moi depuis l’enfance surtout avec l’avènement du hip hop. Nous avons formé des groupes avec des amis pour suivre les traces des aînés comme Smockey, Faso Kombat et autres. Des doyens m’ont conseillé de me lancer dans du tradimoderne pour véhiculer mes messages. Et voilà, j’y suis avec un style de fusion.

 

Le comédien GSK, qui est votre grand frère, n’a-t-il pas eu une influence sur vous pour votre choix professionnel ?

 

Non, je ne pense pas ; par contre, il m’accompagne avec beaucoup de conseils. J’ai arrêté un certain nombre de vices comme la cigarette et autres grâce à ses conseils. Cela me sert positivement dans ma carrière.

 

Quel bilan faites-vous de votre carrière ?

 

C’est un bilan positif. Pour l’instant, les spectacles viennent tout doucement. Il faut maximiser sur la promotion alors que moi, je me suis autoproduit et comme cela  a besoin d’un budget financier, ça coince un peu. Les moyens sont limités mais avec le positionnement de l’œuvre, malgré tout cela, je suis satisfait et le meilleur reste à venir.

 

Que rencontrez-vous comme difficulté majeure ?

Elle est d’ordre financier. J’ai beaucoup d’ambitions dans la musique et ce qui me manque c’est le soutien financier, j’en ai vraiment besoin. Sans argent, il est difficile de se faire une place de choix dans le milieu du show-biz.

 

Mais comment arrivez-vous à financer vos productions ?

 

(Il éclate de rire)… Je suis également un chauffeur dans une école privée de santé. Avec des avances sur salaire, des prêts et un peu de soutien, j’arrive à réaliser mon rêve. C’est l’occasion pour moi de dire merci à tous ceux qui me soutiennent dans ma musique. Grâce à eux, je compte aller loin.

 

Et quels sont vos projets dans ce sens ?

 

Déjà, il faut se faire connaître davantage à travers des stratégies de promotion. Je viens de finaliser un nouveau single qui sortira dans quelques jours. Ce single sera accompagné d’un clip qui fera tache d’huile.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Pas encore. Dire que je vis de mon art, ce n’est pas vrai ; pour l’instant, je nourris mon art. La musique n’est pas aussi facile comme on le pense. Par exemple, l’artiste doit faire rêver et pour cela, il ne peut pas s’afficher tout le temps avec les mêmes tenues. L’artiste doit avoir un look qui nécessite un fonds.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je demande beaucoup d’accompagnements de leur part. Ils n’ont pas besoin d’avoir des millions avant de nous accompagner. Tout geste est salutaire.

 

Quel est votre regard sur l’évolution de la musique burkinabè ?

 

Je suis fier du niveau actuel de la musique burkinabè. Cela ne veut pas dire que les doyens n’ont pas bossé, pas du tout. Les doyens ont posé le socle de notre musique.

 

Peut-on s’attendre un jour à vous voir évoluer dans le domaine de l’humour ?

 

Dans la vie, il ne faut jamais dire « jamais ». Pour l’instant, cela ne fait pas partie de mes projets, mais si l’occasion se présente comme le domaine du cinéma, je n’hésiterai pas.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Je ne dirai pas que c’est la routine mais ce n’est pas loin de la routine. Je suis au service dans la journée et à mes temps libres, je suis avec des amis. Quand j’ai de l’inspiration, je vais par exemple au parc Bangr-wéogo pour des créations. Il m’arrive d’aller même au cimetière pour finaliser certaines chansons. Les week-ends, il y a les spectacles à honorer sans oublier qu’il faut s’occuper de sa petite famille.

 

Pourquoi le choix des cimetières pour finaliser certaines chansons ?

 

 

Je suis une personne qui est réaliste. Certaines chansons ont besoin d’un endroit triste pour les composer.

 

Quelle va être la particularité du nouveau single qui sortira bientôt ?

 

On dit qui aime bien châtie bien, je vais taquiner beaucoup les femmes. Cela va être une véritable particularité.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

 

Je suis marié et père de quatre enfants.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je dis merci à tous les Burkinabè d’ici et ceux de la diaspora qui apportent leur contribution au rayonnement de notre culture car en le faisant, c’est pour le Burkina Faso, et vous êtes des Thomas Sankara.  Merci à toute l’équipe d’Evasion.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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