Au fil des semaines

MODIFICATION DE LA DEVISE DU BURKINA: Aller au-delà de l’histoire

« La patrie ou la mort, nous vaincrons » ! Telle est la nouvelle devise du Burkina Faso. Ainsi, en a décidé le Conseil des ministres en sa séance hebdomadaire du mercredi 21 août 2024. En effet, l’Exécutif burkinabè a adopté un projet de modification constitutionnelle qui vise à réinstaurer la devise du pays adoptée sous la période révolutionnaire sous la houlette du Conseil national de la Révolution (CNR) du capitaine Thomas Sankara. Selon le gouvernement, ce saut dans l’histoire vise à renforcer le sentiment patriotique d’une part et d’autre part,  à faire revivre la flamme de l’engagement citoyen ; cette même flamme qui éclaire la marche du peuple vers l’horizon du bonheur. Et l’on comprend bien cet argument au regard du contexte particulier de notre pays qui appelle chaque Burkinabè à un sursaut de patriotisme en consentant un minimum de sacrifices pour libérer la Nation des incursions meurtrières des terroristes. Mais au-delà de cette situation conjoncturelle liée à l’insécurité, la décision du gouvernement peut être interprétée comme une mise en cohérence avec les autres symboles de la Nation qui portent toujours les sceaux de Révolution démocratique et populaire (RDP), notamment le drapeau national et l’hymne national. A titre illustratif, le refrain de l’hymne national portait toujours en dernière strophe « la patrie ou la mort, nous vaincrons » et ce, malgré le changement de la devise opéré sous Blaise Compaoré. La dernière motivation du retour à la devise révolutionnaire est certainement le fait que le régime de la Transition du capitaine Ibrahim Traoré, voue une admiration sans faille pour le père de la révolution burkinabè.

 

Il faut faire l’effort de traduire cette devise dans toutes les langues nationales

 

Pour preuve, elle a repris, à son compte, tous les grands thèmes et batailles révolutionnaires et travaille à réhabiliter la mémoire du défunt président. L’on peut citer, à titre d’exemples, la lutte contre l’impérialisme ou la promotion du slogan « produisons et consommons burkinabè » ou encore l’adoption du pagne traditionnel Fasodanfani. C’est pourquoi l’on pourrait aussi interpréter le retour à l’ancienne devise comme un triomphe de l’idéal sankariste et une revanche d’outre-tombe de Thomas Sankara.

Cela dit, le tout n’est pas de changer de devise. Il faut surtout lui donner du sens pour qu’elle produise l’effet escompté. Car, on le sait, beaucoup de Burkinabè vouent une admiration sans faille pour le président Thomas Sankara et ses œuvres mais très peu sont prêts à traduire en actes, l’idéal du père de la révolution d’août 1983. Certains en ont même fait un fonds de commerce politique, bradant ainsi l’héritage du célèbre disparu. C’est pourquoi il importe que les Burkinabè incarnent cette ancienne nouvelle devise pour faire du pays une nouvelle terre d’espérance où triompheront les valeurs d’intégrité et de patriotisme. C’est à cette seule condition que ce changement de la devise du pays aura véritablement un sens.  Et pour ce faire, il faut faire l’effort de traduire cette devise dans toutes les langues nationales afin que tous, y compris ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école en perçoivent très clairement le sens et la portée.

 

G.G

 

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