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KARIM LA JOIE, HUMORISTE ET WEB-COMEDIEN: « Il y a parfois des injures »

Originaire de Nagsiné dans la commune de Yako, chef-lieu de la province du Passoré, Karim La Joie, à l’état civil Ouédraogo Karim, est considéré comme l’humoriste et web-comédien le plus coté à l’heure actuel sur le continent africain. Passionné des arts depuis son jeune âge, il rangera ses études d’anthropologie pour vivre son rêve.

A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, l’auteur de « C’est qui lui ? » nous parle de ses débuts dans le cinéma, de ses voyages hors du Burkina Faso, revient sur son quotidien, ses projets, les difficultés rencontrées en affirmant qu’il y a parfois des injures. Il aborde sans détour d’autres sujets croustillants et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

 

Karim La Joie : Je vais très bien.

 

D’où vient cette passion pour les arts surtout l’humour ?

 

L’humour m’est venu tout naturellement. Au quotidien je faisais déjà rire les gens autour de moi et l’on appréciait bien. Les gens trouvaient que c’était quelque chose que je pouvais exploiter et me professionnaliser dans ce domaine. Voilà pourquoi j’ai décidé de m’organiser personnellement. J’ai essayé de tracer quelques idées et faire des scénarii. Cela a commencé par l’humoriste de base et après, web-comédien pour avoir de la visibilité parce que c’est sur les réseaux sociaux qu’on arrive à dépasser un certain niveau de visibilité.

 

Quelle a été la réaction des parents vis-à-vis de votre choix pour les arts puisque vous partiez toujours à l’école ?

 

Les parents ne voyaient pas cela comme un problème. Mon papa me comprenait déjà parce qu’à l’école je travaillais bien. C’est ma passion qui me tenait vraiment à cœur et qui est la comédie et l’humour. Quand je leur ai expliqué, ils m’ont dit que je ne devais pas abandonner les études. J’ai dit ok et j’ai tout fait pour avoir le Bac en 2018. Ensuite, je me suis dis que j’étais grand désormais.

 

Vous avez été affecté en anthropologie à Bobo-Dioulasso, quelle a été la suite ?

 

Les étudiants m’ont adopté et j’ai explosé à l’université.

 

Pouvez-vous nous parler de vos premières scènes ?

C’était pratiquement vers fin 2019. J’avais fait « Le père Noël fâché » qui n’a pas eu à manger lors des fêtes. Les grandes stars ont réagi mais comme j’étais masqué, beaucoup ne m’ont pas reconnu, c’est un sketch qui fait vraiment le buzz et a même eu plus de visibilité que « C’est qui lui ? » mais on ne savait pas qui était caché derrière ça.

 

Pouvez-vous nous parler des films dans lesquels vous avez joué ?

 

J’ai joué dans beaucoup de films, il y a « Un monde sans fin », « Wali mousso » de Souké ainsi que dans des films de Arsène Tiendrébéogo, Abdoul Bagué et Gaël Béré sans oublier d’autres petites séries.

 

Avez-vous abandonné le cinéma ?

 

Non pas du tout. Je veux d’abord avoir une base avant de continuer dans le cinéma parce que ça prend énormément de temps. Il   faut être très disponible quand on est un acteur principal surtout. C’est ce qui fait que ce n’est pas simple. Mais ce que je fais comme web-comédie pour balancer sur les réseaux sociaux, je crée mes scenarii moi-même, je fais mes réalisations moi-même par la grâce de Dieu, je fais mes montages moi-même et puis je les poste.

 

Quelle est votre source d’inspiration ?

 

Je me dis qu’il faut que j’arrive à sortir toujours quelque chose d’exceptionnel. Et c’est ça qui me motive davantage. Ce n’est pas possible que je fasse une ou deux journées sans une création. C’est tout ce que je vois autour de moi.

 

Et comment est venue l’histoire de « C’est qui lui ? »

 

C’est une situation que j’ai étudiée. Il y a certaines personnes qui reviennent de l’extérieur et qui n’ont pas le même comportement qu’ils avaient avant de partir. Ce n’est même pas seulement ça, il y en a qui gagnent un boulot et du jour au lendemain, ils oublient ceux avec qui ils étaient. Donc, c’est juste pour dire que nous devons reconnaître nos origines, d’où nous venons et ceux avec qui nous avons vécu quand rien n’allait. C’est très important.

 

Avez-vous été victime de cette situation frustrante ?

 

(Il éclate de rire) … Non, je n’ai pas été frustré. C’est juste une réalité que j’ai relatée.

 

Et ce sketch a créé le déclic dans votre carrière et vous a conduit hors des frontières burkinabè, pouvez-vous nous parler de ces voyages ?

 

J’ai tout d’abord été au Togo à un festival. A Lomé, quand je suis monté sur scène, j’ai vraiment été émerveillé par les acclamations. Et c’est là que je me suis rendu compte que ma production est devenue internationale. Ensuite, j’ai été deux fois en Côte d’Ivoire et au Mali. Tout récemment, j’ai été représenter le Burkina à la rencontre des influenceurs africains en Guinée.

 

Quelles ont été les connexions avec Michel Gohou de la Côte d’Ivoire avec qui vous avez réalisé des sketchs ?

 

J’y suis allé avec mon collègue et ami Lassissi Le Prince. J’ai dit à Michel Gohou que les Burkinabè voudraient que leurs humoristes fassent un feat avec lui. Il m’a regardé et m’a demandé si ce n’est pas moi qui fait les bras comme ça là. Et tout de suite j’ai compris que c’était un avantage. Il m’a dit de passer le lendemain. Et quand je suis passé, c’est lui et Dao, deux légendes de la comédie. Je leur dis merci.

 

Quels sont vos projets ?

 

C’est de sortir des marques propres à moi-même et être un exemple demain.

 

Quelle est la difficulté majeure d’un jeune humoriste et web-comédien comme vous ?

 

Il y a toujours des difficultés. Les gens qui te suivent attendent toujours du nouveau et on a toujours des difficultés pour satisfaire tout le monde. Il y a des choses qu’on va sortir, beaucoup vont apprécier, par contre d’autres vont dire que ce n’est pas bon. Mais on arrive quand même à supporter. Il y a parfois des injures. Souvent, on organise des spectacles se disant qu’on est très connu mais on est très découragé au niveau des partenaires car ce n’est pas ce qu’on attendait.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

A certain moment, je pense que l’artiste doit savoir que c’est l’art qui doit le faire vivre. Pour le moment, je dis merci à Dieu parce que j’arrive à gérer mon loyer, à m’occuper de moi-même et je pense que ça va être plus que ça encore.

 

Peut-on savoir votre situation matrimoniale ?

Je ne suis pas encore marié.

 

Votre cœur est-il pris ?

 

Oui mais, c’est Dieu qui décidera pour la suite. Je ne sais pas si c’est elle qui sera ma femme, mais je prie Dieu que cela aboutisse.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos traces dans l’humour ?

 

Je ne vois pas d’inconvénient à ce niveau. D’ailleurs cela me ferait plaisir et honneur. Je vais l’encadrer.

 

Quel est votre quotidien ?

 

Je n’ai vraiment pas un programme fixe.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur dis merci et merci à tous ceux qui me soutiennent. Je leur demande de toujours continuer dans cette dynamique car c’est grâce à eux que je suis Karim La Joie. C’est grâce à eux que « C’est qui lui ? » a traversé des frontières. Moi je ne leur réserve que des surprises.

 

Quel est votre mot de la fin ?

 

Que la paix revienne au Burkina Faso et que nous soyons unis. Je souhaite la force à tous les artistes car ce sont eux qui font voyager l’image du pays très loin.  Encore merci à Evasion.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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