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JUSTE PARFAIT WENDDENDA ZOMBRE, STYLISTE-CREATEUR DE MODE: « Je perçois une nette évolution positive de la mode au Burkina »

Né et grandi à Ouagadougou, Juste Parfait Wenddenda Zombré est considéré comme l’un des jeunes stylistes burkinabè en pôle position pour la révolution de la mode du pays des Hommes intègres. Originaire de la localité de Ouargaye dans la province du Koulpélogo, cet ingénieur agronome est un véritable passionné de l’art vestimentaire. Créateur de la marque NOLI, il s’est ouvert à nous à travers cette interview exclusive. Il nous parle de son parcours, de sa marque, de sa passion, jette un regard critique sur l’évolution de la mode burkinabè, revient sur des souvenirs de quelques défilés de mode, aborde sans détour d’autres sujets et lève le voile sur sa situation matrimoniale. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

Juste Parfait Wenddenda Zombré : Tout va pour le mieux et j’ose croire qu’il en est de même chez vous. Et comme j’ai l’habitude de le dire, on rend grâce au pluriel.

 

D’où vient cette passion pour la mode ?

 

La mode et moi, c’est une longue histoire et cela remonte depuis mon enfance. J’ai toujours aimé être bien habillé. Je n’ai jamais voulu ressembler aux autres en matière de style vestimentaire. Et j’avais déjà, à l’âge de 12 ans, mon propre slogan qui est le suivant : « Même si on a le même pagne, on n’aura jamais le même modèle ». Ainsi, je prenais toujours le soin de créer mon modèle en mélangeant plusieurs designs que je remarquais à la télévision ou dans mon entourage.  J’ai aussi hérité de mon père, feu Pierre Célestin Zombré, qui était régulièrement tiré à quatre épingles.

 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

 

J’ai eu un cursus normal jusqu’au Bac que j’ai décroché étant au lycée mixte de Gounghin à Ouagadougou. J’ai voulu une filière qui me permettrait d’être indépendant, ainsi, j’ai opté pour l’ingéniorat en agronomie à l’université de Dédougou. Pendant mon cursus académique, j’ai suivi de façon parallèle des formations en art oratoire, en entrepreneuriat et pendant les vacances, je faisais des boulots saisonniers comme apprenti tailleur. Le déclic avec la mode est véritablement intervenu pendant le Covid-19 où j’ai mis à profit le confinement pour apprendre les bases. En juillet 2019, j’ai lancé ma marque NOLI avec ma première collection de chemises. Et je poursuivais mes études académiques jusqu’en 2021 où j’ai soutenu et lancé officiellement ma marque en février de la même année. Je continue d’apprendre afin de renforcer mes compétences dans divers domaines de mon activité.

Quel est votre regard sur l’évolution de la mode burkinabè ?

 

Je perçois une nette évolution positive de la mode au Burkina. Il y a plus d’efforts fournis dans la valorisation des stylistes et des métiers de l’art vestimentaire. On constate une claire détermination des stylistes à faire valoir la mode à travers des pièces extraordinaires émanant d’un talent fou et avec des matières locales. Beaucoup de créateurs sortent de leur zone de confort pour proposer des pièces qui répondent aux normes internationales.

 

Quelle est la particularité de la marque NOLI que vous avez créée ?

 

La marque Noli est conçue pour transmettre un message qui est ceci : « Je suis une version limitée, je suis unique et je l’assume à travers mon mindset et mon style ». D’ailleurs, c’est ce que dit le slogan de la maison, l’unicité par le style. Nous travaillons à 50 pour cent avec de la matière locale comme le koko dunda, le Faso danfani… Nos pièces sur mesures sont personnalisées aux détails près. Sur la pièce maîtresse Noli qui représente la signature de la maison, on note des boules de coton avec de fines franges affectueusement appelées « frou frou », terme proposé par une personne unique que j’admire, Mme Ebony Emaze alias Simpprewinké.

 

Etes-vous satisfait du bilan de votre carrière ?

 

Je rends grâce à Dieu pour cette belle carrière parce qu’avant tout, je vis pleinement une passion et je donne de mon talent et de mon savoir-faire pour le bonheur des autres. Je suis à moitié satisfait car je n’ai pas encore libéré mon plein potentiel.

 

Quels sont vos projets ?

 

Je compte accompagner le maximum de Noli friends en augmentant ma capacité de production en termes d’équipe et de matériel. Ouvrir ma créativité et mon talent au monde en participant aux grandes rencontres internationales, faire connaître davantage mon pays en termes de mode.

 

Quels souvenirs gardez-vous des défilés de mode auxquels vous avez participé ?

 

A chaque défilé de mode, c’est une nouvelle expérience pour moi et ce que je retiens de tous mes défilés, c’est l’expression des visages des participants et même des mannequins qui restent émerveillés à chaque fois. Et je viens de vivre un moment fabuleux lors de la 9e édition de BUMO où j’ai présenté la toute nouvelle collection « Jardin de pétales » pour magnifier la femme d’exception et les grands hommes à leurs côtés.

 

Vivez-vous de votre art ?

 

Comme je suis toujours en phase d’investissement pour cette entreprise qui me tient à cœur, je parlerai de survie mais j’ai une forte conviction que si en plus du passionné que je suis, de mon talent de créateur, je vivrai de cet art.

 

Quels conseils donnerez-vous aux plus jeunes qui veulent se lancer dans la mode ?

 

La mode réussit mieux aux passionnés. Soyez vous-même et créez votre propre identité de telle sorte qu’on puisse vous reconnaître parmi tant d’autres sans voir votre insigne.

 

Peut-on savoir votre quotidien ?

 

(Eclat de rire) … Je ne suis pas un adepte des journées planifiées à la minute près. Je reconnais avoir une certaine résilience quand il faut s’adapter. Mais généralement, je fais le point des activités principales à faire dans la journée. Le matin, je fais un tour à l’atelier où je fais le point avec mon équipe. Ensuite, je regagne la boutique que j’appelle le laboratoire où je reçois les visites. Il y a des courses et le soir, on fait le point.

 

Quelle est votre situation matrimoniale ?

 

Je suis célibataire.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la mode ?

 

C’est mon souhait car je tiens à ce que la maison Noli traverse des générations. Et avoir un enfant qui partage ma passion serait une grande fierté. Je mettrai tous les moyens à sa disposition pour qu’il soit le meilleur. Je profite de votre tribune pour demander aux parents d’être plus attentifs aux centres d’intérêts et de passion de leurs enfants afin de mieux canaliser leurs énergies et études vers des professions qui leur permettent de s’épanouir.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

Je ne serais pas ici aujourd’hui à faire cette interview si Dieu, ma famille, ma mère chérie qui m’a offert ma deuxième machine à coudre, mes proches collaborateurs et associés ne m’avaient pas soutenu et encouragée. Merci infiniment aux Editions « Le Pays » pour cette marque de considération. N’oubliez pas, il y a des jours avec, des jours sans, mais il faut toujours rendre grâce à Dieu.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

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