Vous vous souciez du bien-être de votre couple ? Mais connaissez-vous les bases fondamentales à bien avoir en tête pour réussir son histoire d’amour et éviter le « il faut qu’on parle » ou le « on arrête ou on continue » ? Pourquoi est-il si important de se remettre en question pour mieux s’aimer ?
Invités de l’émission « Grand Bien Vous Fasse », la psychanalyste Sophie Cadalen, la conseillère conjugale Caroline Kruse et le psychiatre Robert Neuberger, tous trois spécialistes du couple et de la famille, vous donnent quelques conseils essentiels à retenir pour que vous viviez heureux jusqu’à la fin de vos jours et que vous fassiez les meilleurs choix possibles pour votre relation amoureuse et pour vous-même.
Pas de couple sans remise en question
Avant tout, il faut commencer par la base fondamentale n°1 qui vient peut-être conditionner tout le reste. Car, en se remettant en question, on se questionne d’abord soi-même, on se questionne pour l’intérêt de son (sa) conjoint(e), on se réévalue soi-même dans l’intérêt de son propre couple.
Sophie Cadalen commence par expliquer que « le couple dispose de toutes les ressources pour surmonter un problème : chacun doit s’interroger, chacun doit se remettre en question avant d’accuser l’autre de quoi que ce soit. Dans un couple, il faut préférer « l’introspection personnelle » au reproche constant entre conjoint interposé, ainsi on pourra parler plus naturellement et simplement de l’objet d’un désaccord ou d’une dispute potentielle. En somme, éviter la phrase du « il faut qu’on parle » qui n’annonce rien de bon…
Entretenir son couple, c’est aussi s’entretenir soi-même et vice-versa en acceptant la gestion des mésententes éventuelles
Comme le souligne Robert Neuberger « pour entretenir une vie de couple qui soit suffisamment satisfaisante pour se rassurer mutuellement et continuer à se constituer ensemble, il faut donner du temps à l’autre comme à soi-même« .
Un couple qui va bien est un couple qui sait résoudre les problèmes, qui dispose des ressources aptes à dépasser un certain nombre d’obstacles.
Il y a un contexte relationnel en mouvance constante qui, s’il devient trop convenu et que « la routine« , comme on dit, s’installe, fait que rapidement ça ne sent pas très bon parce que justement le couple est fait pour être stimulé en permanence.
L’amour, c’est quelque chose qu’il faut chercher à démêler en permanence.
– Sophie Cadalen
Concilier amour intime et familiarisation du couple
Il y aurait, d’après Robert Neuberger, deux dimensions du couple, deux amours que les deux amants ne sauraient suffisamment discerner, l’un prenant trop le dessus sur l’autre et nuirait à la relation :
« Il y a l’amour relationnel, cette relation affective/érotique entre les deux qui est très structurante pour leur vie intime et conforte chacun dans son identité amoureuse ; et la maison en couple c’est-à-dire tout ce qui vient se greffer ensuite mais qu’il est impossible d’ignorer. Le problème aujourd’hui, c’est que cette dernière prend souvent le pas sur la première dimension affective/érotique : les enfants, la fondation d’une famille, le travail qui conduisent à une familiarisation du couple naturelle mais qui trop souvent nuit aux repères purement intimes du couple en lui-même« .
Le piège de vouloir le couple parfait
Faut-il absolument voir son couple comme un conte de fée ? Oui mais c’est comme tout, il faut relativiser et cultiver la vulnérabilité, la peur de se voir séparer de l’autre pour nourrir sa flamme.
Caroline Kruse : « L’idéalisation du couple peut rapidement devenir un piège, c’est donner au couple une valeur-refuge, trop souvent acquise pour faire en sorte que son couple soit parfait. Ce sentiment de vouloir à tout prix rester sur la même longueur d’onde avec son conjoint, est voué à l’échec« .
En somme, le souci d’une entente fusionnelle risque de se transformer en un bilan routinier car l’aléatoire, l’imprévu doivent savoir nourrir une forme de créativité dans le couple s’il veut durer.
Les disputes sont bonnes pour le couple
Il est aussi très important de ne pas considérer que l’on est forcément voué à rester ensemble toute la vie, que la fidélité sera toujours au rendez-vous mais que la vulnérabilité existe, que l’un et l’autre est faillible.
Caroline Kruse estime « qu’il faut pouvoir éviter de penser sa vie de couple comme une autoroute sans obstacles sans qu’on ait à se poser de questions comme pour se rassurer. Au contraire, il faut assumer et ne pas hésiter à se confronter aux difficultés en couple car c’est, au contraire, un signe important de vitalité.
Il faut donc accepter la possibilité de la rupture. La conscience de vulnérabilité permettra justement de consolider son couple par peur de le perdre. C’est en agissant avec des œillères qu’on sera plus susceptible de se fragiliser.
Rester autonome et penser à soi
« Vous n’êtes pas son père« , « vous n’êtes pas sa mère« , c’est souvent la phrase que l’on entend dans un couple lorsque les deux amants souhaitent se mettre face à leurs responsabilités ou bien les choix qu’il est possible de faire dans sa vie de couple. Sophie Cadalen explique alors combien il est essentiel d’assumer son autonomie et ne pas se laisser guider par les intentions de l’autre.
Sophie Cadalen : « On n’attend pas de son conjoint, de son couple qu’il soit la prise en charge de sa propre vie, ce qui est trop souvent le cas : le couple ne doit pas devenir l’unique émetteur de notre bonheur. On est avant tout adulte dans son couple donc si on a envie de sortir, et de penser à soi chacun de son côté, on le fait, tout en invitant bien sûr l’autre à sortir. Très souvent, le couple souffre de ça parce qu’on ne pense pas suffisamment à soi en dehors du couple.
Les couples qui fonctionnent très bien sont aussi ceux où, chacun, dans sa propre vie pense à lui-même. Cette jouissance personnelle vient s’ajouter dans le couple.
Source : Radio France