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ALY VERHUTEY, ARTISTE MUSICIEN: « J’ai encore beaucoup à donner à mon pays »

Aly Verhutey ou l’avocat défenseur des femmes. Cette grande voix de la musique africaine est née à Aboisso en terre ivoirienne mais est originaire de la province du Boulgou au Burkina Faso. Artiste musicien, acteur de cinéma, réalisateur, producteur, éditeur, il touche à plusieurs filières des arts.

A travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder au sein de son studio Berger Africa, l’artiste nous parle de ses débuts en tant qu’animateur-radio, de son premier séjour à Ouagadougou, décortique sa riche discographie, nous fait vivre de beaux souvenirs en affirmant qu’il peut encore apporter beaucoup aux jeunes artistes, à son pays. Il aborde également sans détour des sujets croustillants du show-biz. Lisez plutôt.

Evasion : Comment allez-vous ?

Aly Verhutey : Je vais très bien.

 

Apparemment, vous avez un calendrier très chargé, qu’est-ce qui justifie cela ?

 

Il faut comprendre que j’ai un problème de temps parce que je suis sur plusieurs fronts. Je suis à la fois réalisateur, producteur, monteur, chanteur et éditeur. Ce qui fait que souvent, pour dégager un temps, c’est un peu compliqué.

 

Ce qui signifie que vous avez assez de gombo (entrée d’argent) ?

 

Non, ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup de gombo. Pour moi, c’est d’abord une passion. Voilà que je suis toujours là, sinon je serai ailleurs en train de faire autre chose. J’aime tellement ce métier et j’aime mon pays ; je profite y être et m’amuser.

 

Une information que beaucoup de gens ignorent, vous avez été un animateur-radio dans les années 90 à Aboisso en Côte d’Ivoire ; pouvez-vous nous en parler ?

 

Oui tout à fait, j’étais sur une radio avec des amis, à savoir Anselme Assamoi et Théodore sur « Radio Paix Sanwi » où nous animions une émission qui s’appelait rires et sourires. C’est dans le sud-Comoé pour ceux qui connaissent la Côte d’Ivoire. Les vacances, nous invitions des artistes qui venaient d’Abidjan et c’est à partir de là que m’est venue l’idée de sortir quelque chose. C’est ainsi que je suis allé sur Abidjan pour réaliser ma première maquette dans les années 92-93.

 

Et quelle a été la suite ?

 

En 1996, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a soutenu et m’a permis de repartir en studio. Il s’agit d’Innocent Ky. L’album « Berger » sort en 1997 en Côte d’Ivoire sous le label MBA Production. Ensuite, il y a eu la crise et c’est ainsi qu’en 2000, j’ai débarqué au Burkina dans l’espoir de sortir l’album ici et repartir. J’étais venu juste pour deux semaines. Je suis passé saluer Jah Press à la radio qui a écouté l’œuvre et a dit que ça l’intéresse. Et c’est ainsi que l’album est sorti sous Biz’Art Production et ça a été un succès. En 2003 j’ai sorti le deuxième album « Mon Faso », en 2005 « Hors d’œuvre », en 2008 « Pense à demain », en 2010 « Au nom de la femme », en 2012 « Koro du quartier », en 2014 « J’ai fait un rêve », en 2015 « Dis-moi » suivi du single « A notre époque » en 2018, et en 2020, j’ai fait « Etalons la santé ». En 2022, j’ai sorti « Neuvième épisode » qui est mon neuvième album et qui a marqué mes 25 ans de carrière que j’ai fêté grandiosement à Ouagadougou. Ce qui veut dire que cette année marque mes 28 ans de carrière, donc on espère fêter les 30 ans en 2027.

 

Pour avoir commencé par une émission d’humour à la radio, comment la musique a pris le dessus sur l’humour ?

 

(Eclat de rire) …  L’humour ne m’a pas échappé parce que je suis acteur de cinéma. L’humour et la comédie vont ensemble. J’ai joué dans plus d’une dizaine de films. J’ai même un livre qui est en cours d’édition. Il faut noter que je suis également dessinateur, sérigraphe, calligraphe et caricaturiste. Donc, je suis partout.

 

Pouvez-vous nous parler du tout premier trophée de votre carrière musicale ?

 

C’était en 2002, le trophée Kundé du meilleur artiste de la diaspora, et après, beaucoup d’autres trophées ont suivi, ici comme à l’extérieur. Mais moi, je ne mets pas les trophées en avant plan de ma carrière. Et à un moment, j’ai demandé de ne plus me mettre dans tout ce qui est trophée où on doit compétir. Je préfère peut-être des trophées d’honneur.

 

Quelle est votre petite histoire avec les femmes qui constituent la majorité de vos fans ?

 

Je considère toute femme comme ma maman. Etant donné que les femmes n’ont pas de force, je me suis porté pour être leur défenseur sur tous les plans. Ce que j’ai et que je peux le plus utiliser pour les défendre, c’est ma voix. C’est ainsi qu’à travers mes thèmes, je fais des chansons dans le but de leur venir en aide.

 

Le ministère de la femme a une fois reconnu ce noble combat que vous menez depuis des années ?

 

Jamais. J’ai même été surpris lors de ma décoration en 2013 en tant que Chevalier de l’Ordre de Mérite des Lettres, des Arts et de la Communication. Pour moi, j’ai pensé que ma première décoration viendrait du ministère de la promotion de la femme, vu que mes chansons contribuent à consolider les foyers ; presque toute ma carrière c’est autour de la femme. Je me suis dit que c’était la première institution qui devrait m’honorer ; je n’y ai même jamais été appelé pour un spectacle.

 

Etes-vous fâché ?

 

Pas fâché mais ça m’étonne quand même.

 

Où en est-on avec votre projet de télévision ?

 

Tout était prêt, nous avons même lancé la diffusion-test. Mais comme je suis seul sur le projet, il n’y a personne qui me soutient, je travaille sur fonds propre. J’ai stoppé pour emmagasiner un certain nombre de PAD avant de commencer la diffusion pour me rassurer qu’il n’y ait plus d’interruption.

 

Qu’avez-vous à dire à vos fans ?

 

Je leur dis que je suis toujours là avec ma voix. Je continue le combat, je pense qu’on est jeune jusqu’à 100 ans. Donc, je suis toujours jeune et je me suis dit que je ne baisse pas les bras, qu’ils continuent de me faire confiance.

 

Quel est votre secret pour pouvoir garder votre belle voix durant toutes ces années ?

 

Selon moi, la voix se traite. Il y a un certain nombre de choses qu’on ne peut pas mettre dans la bouche quand on sait que la voix est un instrument et qu’on a besoin de cet instrument sur un long terme ; il y a des choses à éviter. Je ne prends pas d’alcool, je ne fume pas la cigarette et bien d’autres choses.

 

Quand des fans pleurent en vous voyant sur scène, y a-t-il un mythe ?

 

Il n’y a pas de mythe. Mais aujourd’hui tout le monde est star sur Tik Tok et Facebook, chacun se lève avec quelques mégas et devient star. On nous prenait pour des personnes surnaturelles, extraordinaires, et cela avait beaucoup d’effets sur nos fans. Il y a beaucoup de mes fans, en me voyant, ont des souvenirs qu’ils revivent.

 

Peut-on savoir votre quotidien ?

 

Mon quotidien, c’est maison-studio-maison. Je n’ai pas de loisirs en tant que tel. C’est quand je suis libre que je bavarde un peu avec les amis.

 

Quelle est votre petite histoire avec la salsa ?

 

En réalité, je suis polyvalent en musique. Je suis guidé par mes inspirations. Mon genre musical, c’est la variété.

 

Pour avoir pris beaucoup de kilos, qu’est-ce que ça vous fait quand vous visionnez aujourd’hui votre tout premier clip ?

 

(Eclat de rire) … Un homme est né pour évoluer et à se métamorphoser, vu qu’il y a des années qui passent. Je suis à un demi-siècle, c’est normal que les choses soient ainsi. Je ne peux plus être vivace comme il y a 28 ans mais je peux toujours danser avec le ventre.

 

Que feriez-vous si l’un de vos enfants décidait de suivre vos pas dans la musique ?

 

Moi, je n’ai pas d’exigence en tant que telle. Il ne faut pas qu’il vienne dans le show-biz parce que papa chante. Il faut qu’il y vienne parce que c’est sa passion.

 

Peut-on dire que vous avez réalisé tous vos rêves ?

 

Tant que je continue de dormir, je continue de rêver. Le rêve ça ne finit pas. J’ai encore beaucoup à donner à mon pays. On peut continuer à pousser les jeunes et les emmener à éviter certaines choses qui ne sont pas bénéfiques. Je pense que c’est aussi le rôle de nous les aînés.

 

Pendant toutes ces trois décennies de carrière, quels sont les souvenirs qui vous ont le plus marqué ?

 

Le premier souvenir, c’est la sortie de mon premier album car mon plus grand rêve était de sortir un album. Et ce qui a encore marqué ma carrière c’est l’accomplissement de tous mes rêves. J’ai rencontré de plus hautes personnalités nationales et internationales, j’ai fait le tour du monde. Aujourd’hui, je peux dire que je suis fier.

 

Qu’avez-vous à dire pour conclure ?

 

Je dis merci aux médias, c’est grâce à vous que nous sommes vus un peu partout. Tu peux créer les plus belles œuvres du monde, mais si elles ne sont pas diffusées, personne ne pourra les voir. Les gens ne savent pas, mais vous abattez un travail formidable. Encore merci à vous pour avoir fait de la culture, ce qu’elle est aujourd’hui.

 

Propos recueillis et transcrits par Aboubakar Kéré KERSON

 

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